"Il n’y a pas de divorce entre la police et la population" : tel est le message martelé lundi soir par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin devant la commission des lois de l’Assemblée nationale. Pas sûr que cette affirmation suffise à calmer les tensions, après une semaine marquée par l’évacuation musclée de migrants place de la République et par l’agression du producteur de musique Michel Zecler par des policiers. Le retrait du très controversé article 24 de la loi sécurité globale, lundi soir, a aussi été annoncé dans cette optique. "Cet article 24 c’est un mauvais épisode, franchement pitoyable", a taclé Laurent Berger, le secrétaire national de la CFDT, mardi sur Europe 1.
Si la majorité n'a pas parlé de retrait de l'article, Laurent Berger n'est pas dupe. "Il est retiré, évidemment, tout le monde le comprend. Et on a envie de dire 'tout ça pour ça'", a soupiré Laurent Berger. "Dès le début, on avait dit que la protection des agents publics dans l’exercice de leurs fonctions - et notamment des policiers -, n’est pas incompatible avec la liberté de la presse. Si on avait écouté ça dès le départ, on n'aurait pas traité les choses comme ça".
"Il faut la liberté de la presse pleine et entière"
L'article 24 était censé encadrer la diffusion de vidéos de membres de forces de l'ordre dans l'exercice de leurs fonctions, mais ses nombreux détracteurs dénonçaient une formulation trop floue, à même de limiter la liberté de la presse à l'avenir. "Il faut la liberté de la presse pleine et entière", a asséné Laurent Berger. "On a bien vu la semaine dernière que si on ne pouvait pas filmer, on avait moins de capacité à lutter contre les dérapages de certains. Il faut évidemment protéger les agents publics dans l’exercice de leurs fonctions, mais ça ne se fait pas contre la liberté de la presse."
Pour autant, le secrétaire national de la CFDT tient à condamner toutes les violences, d'où qu'elles viennent. "En ce qui me concerne, je peux vous dire que les images qui ont montré un policier frappé, samedi, sont extrêmement choquantes et insupportables, tout comme l’agression de Michel Zecler l’était", a affirmé Laurent Berger". "Il ne faut pas opposer les deux, il faut condamner les deux très fermement et agir en justice à l’égard des coupables dans les deux cas."