Après le tollé suscité par un premier vote favorisant l'huile de palme, l'Assemblée nationale a fait marche arrière vendredi soir en maintenant son effacement de la liste des biocarburants, contre l'avis du gouvernement. Les députés ont annulé à une écrasante majorité (58 à 2) lors d'une nouvelle délibération les effets du vote litigieux et sans le moindre débat de jeudi.
Confronté à un tollé des écologistes et à l'embarras de sa majorité, le Premier ministre Edouard Philippe était monté en personne au créneau vendredi pour réclamer un second vote de l'Assemblée, "constatant l'absence d'un débat suffisant sur un sujet aussi important", même si le gouvernement était favorable à l'amendement. L'Assemblée avait voté en toute vitesse jeudi un amendement parlementaire prévoyant le report à 2026 de l'exclusion de l'huile de palme de la liste des biocarburants, qui bénéficient d'un avantage fiscal.
Une "niche fiscale complice d'un écocide"
L'adoption de cet amendement a surpris, alors que l'Assemblée avait justement voté l'an dernier l'exclusion de l'huile de palme de ce régime fiscal favorable. Total avait tenté un recours mais le Conseil constitutionnel avait débouté le groupe pétrolier, jugeant que le Parlement pouvait tout à fait supprimer cet avantage. Le gouvernement, qui a fait de l'écologie une de ses grandes priorités, est resté vendredi sur sa position en appelant une nouvelle fois à voter en faveur de l'amendement. Mais il a été déjugé par sa propre majorité. Il est "hors de question qu'on revienne sur ce qu'on a voté l'année dernière", a souligné la députée en marche Emilie Cariou.
"Cette niche fiscale est complice d'un écocide, on ne peut pas soutenir ça", a fustigé l'ancienne ministre de l'Environnement Delphine Batho, alertant sur la disparition des orangs-outans.