C'est la petite musique qui raisonne en ce moment, soigneusement orchestrée par ses adversaires, et qui s'installe dans l'opinion : Emmanuel Macron serait le candidat sans programme. Le candidat glamour, brillant, l'affiche très séduisante qui remplit les salles, mais qui sonne creux. Or, sondages après sondages, le fondateur d'En Marche! s'installe comme un candidat capable d'atteindre le second tour de la présidentielle. Second tour pour lequel il pourrait se retrouver face à Marine Le Pen, donc avec de bonnes chances d'entrer à l'Élysée.
Des réponses claires sont attendues. Le regard des électeurs et leurs exigences sont donc en train de changer. Leur questionnement se resserre. Quel programme pour Emmanuel Macron ? Sur la laïcité ? La sécurité ? L'écologie ? L'Europe ? Plus on s'approche du vote, plus les Français voudront des réponses claires. À la séduction, l'ancien ministre de l'Économie devra donc ajouter de la crédibilité, de la compétence. Montrer, en somme, qu'il a de la consistance.
Attrape-tout. Toute la difficulté, pour Emmanuel Macron, qui tient au positionnement "et de droite et de gauche" de son mouvement, est de sortir un programme attrape-tout peu identifiable. "On ne sort de l'ambiguïté qu'à ses dépens", disait le cardinal de Retz. Le fondateur d'En Marche! prend le risque de se tiédir, de s'affadir. Lui qui avait décoiffé avec son idée de temps de travail variable, proposant que les jeunes travaillent jusqu'à 37 ou 39 heures tandis que les seniors auraient pu n'en faire que 32, a finalement décidé de garder les 35 heures classiques. Concernant la fiscalité des entreprises, il propose simplement de reconduire le CICE de François Hollande sous une forme simplifiée. Ce n'est pas avec ça qu'il va crédibiliser sa promesse de renouvellement.
Une popularité fragile. En réalité, le modèle d'Emmanuel Macron est Valéry Giscard d'Estaing version 1974. À l'époque, "VGE" incarne une rupture moderne puissante. Il met en place le droit à l'IVG, abaisse la majorité à 18 ans, réforme l'audiovisuel... C'est ce pari-là qu'Emmanuel Macron doit traduire en projet, au risque de décevoir un électorat très attiré par sa candidature mais aussi très volatile. Moins d'un quart des Français qui le choisissent aujourd'hui dans les études d'opinion se disent certain d'aller voter pour lui. Un taux d’adhésion très faible, qui illustre la fragilité de sa très forte popularité.