Quatre jours après le renoncement de François Hollande, Manuel Valls a sauté le pas, lundi. Depuis son fief d'Evry, dans l'Essonne, le futur ex-Premier ministre a annoncé sa candidature à la prochaine élection présidentielle via la primaire de la gauche, prévue les 22 et 29 janvier prochains.
Première difficulté : "assumer un bilan". "Son discours a été techniquement bon, mais il occulte la difficulté principale qu’il aura : celle d’assumer un bilan qui n’est pas seulement celui de François Hollande, mais qui est également le sien", juge Laurent Baumel dans "Le Club de la presse", sur Europe 1. Le député socialiste d'Indre-et-Loire, qui soutient la candidature d’Arnaud Montebourg, souligne une autre difficulté : celle du rassemblement.
Deuxième difficulté : rassembler. Sans surprise, le chef du gouvernement démissionnaire s'est en effet placé sous le signe du rassemblement d'une gauche faible et explosée par plusieurs candidatures rivales. "Ma candidature est celle de la conciliation, elle est celle de la réconciliation", "je veux rassembler" la gauche, a-t-il aussi lancé, derrière un pupitre sur lequel était écrit son tout nouveau slogan : "Faire gagner tout ce qui nous rassemble". Mais cette "réconciliation" ne s'annonce pas des plus aisées. Une partie de sa famille politique ne cache pas ses réticences à son égard, au point de constituer, selon sa propre formule, des "positions irréconciliables à gauche".
"On voit bien que Manuel Valls, pour les besoins de cette primaire, va essayer de se poser comme quelqu’un de rassembleur, de gommer son côté clivant, mais c’est en contradiction totale avec la construction politique qui a été la sienne depuis 2014, qui au contraire, à chaque étape, a cherché à montrer de l’intransigeance, de la brutalité et de la fermeté", estime Laurent Baumel.
"Il fait partie de la gauche, mais...". Pour lui, Manuel Valls "fait partie de la gauche mais incarne une gauche sociale-libérale et qui n’est pas à mon avis celle qui détient les solutions d’avenir pour notre pays", souligne-t-il. "Il y a effectivement deux orientations de gauche gouvernementale différentes. Cette controverse existe depuis longtemps. Avec le quinquennat qui vient de se dérouler, cette divergence s’est de nouveau exacerbée", constate le député, avant de conclure : "De là à dire qu’elles sont totalement irréconciliables, peut-être pas."