Incapable de s'accorder sur un candidat pour Matignon, la gauche peinait lundi à surmonter ses divergences : les Insoumis fustigent "l'opposition systématique" des socialistes, qui envisagent désormais de se tourner vers la société civile, tandis que Gabriel Attal réunit ses troupes à l'ouverture d'une semaine décisive. En attendant la mise en place de la nouvelle législature et l'élection très attendue du prochain président de l'Assemblée nationale, jeudi, le Nouveau Front populaire n'a toujours pas trouvé d'accord sur une équipe gouvernementale.
Le nom d'Huguette Bello, présidente de La Réunion, proche de La France insoumise, proposé par les communistes la semaine passée, n'a pas convaincu le PS et la piste a été abandonnée durant le week-end... Et cela commence à agacer, huit jours après la première place surprise de la gauche au second tour des législatives anticipées. "Je suis tellement en colère du visage que nous montrons", s'est désespérée lundi sur X l'écologiste Sandrine Rousseau. Les tensions les plus fortes opposent Insoumis et socialistes, les deux principaux groupes du NFP se disputant le leadership à gauche du nouvel hémicycle. "Si ça bloque aujourd'hui, c'est la faute du Parti socialiste, clairement", a lancé le coordinateur de LFI Manuel Bompard, dénonçant sur RMC et BFMTV "les oppositions systématiques, les blocages, les veto" émanant selon lui du PS "sur toutes les candidatures".
"Nous serons à la hauteur" et "rien n'a été bloqué", répond de son côté le premier secrétaire du PS Olivier Faure, candidat officiel des socialistes pour Matignon.
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Cap sur le perchoir
Pour sortir de l'ornière, le député de Seine-et-Marne a proposé sur France 2 "d'élargir" le prisme à "quelqu'un de l'extérieur". "Il faut chercher à trouver la personnalité, peut-être issue de la société civile, qui permettra d'avancer ensemble", a-t-il expliqué, sans toutefois citer de nom. Les Insoumis, de leur côté, ont érigé une autre priorité pour le NFP : s'accorder sur une candidature commune au poste de président de l'Assemblée, dont l'élection a lieu jeudi.
"C'est cette première partie qu'il faut gagner maintenant. Plus on va perdre du temps dans d'autres discussions et plus, on va être fragilisé", a remarqué Manuel Bompard. "De cette élection à l'Assemblée nationale va dépendre la suite", a renchéri sur TF1 la députée insoumise du Val-de-Marne Clémence Guetté, également citée parmi les candidats au poste de Premier ministre. La gauche joue gros sur cette élection au perchoir : une partie du camp macroniste tente en effet depuis plusieurs jours de bâtir une majorité alternative au NFP pour ce poste-clé, que Yaël Braun-Pivet entend bien conserver. Un accord avec la droite, par exemple, pourrait permettre au bloc présidentiel de dépasser la gauche en nombre de voix.
Attal bientôt démissionnaire
La question du front républicain contre le Rassemblement national, que la gauche aimerait poursuivre à l'Assemblée nationale en privant le RN de tout poste à responsabilité, est également l'un des sujets de la semaine. Mais plusieurs cadres macronistes, dont Yaël Braun-Pivet, y sont opposés. Cela vaut à la présidente sortante d'être accusée de s'entendre avec le RN pour conserver son poste, ce qu'elle a démenti. Un tel accord avec le RN serait "inimaginable", a dénoncé Olivier Faure.
Ce dossier devrait logiquement s'inviter à l'ordre du jour d'une réunion du groupe Renaissance - bientôt rebaptisé "Ensemble pour la République" - convoquée par Gabriel Attal à 10H30 en visioconférence. Le nouveau président du groupe, élu samedi avec 84 voix sur 98, cumule toujours ce poste avec celui de Premier ministre tant qu'Emmanuel Macron n'accepte pas sa démission. Cela devrait être le cas "mardi ou mercredi", a glissé lundi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Un conseil des ministres est d'ailleurs prévu mardi à 11H30, a-t-on appris de source ministérielle.
La stratégie présidentielle devrait aussi être affinée lors d'une réunion des chefs de parti du camp macroniste autour d'Emmanuel Macron à midi à l'Élysée, selon l'entourage du chef de l'État. Au cœur du flou politique, une chose est certaine pour le futur gouvernement : il récupérera des finances publiques dans le rouge. Dans un épais rapport présenté lundi matin, la Cour des comptes dresse en effet un bilan préoccupant. La nécessité de réduire la dette est un "impératif" qui "doit être partagé" par toutes les forces politiques, a averti son premier président Pierre Moscovici.