Avec 27,1% des voix au second tour des élections régionales, dimanche, le Front national a réalisé une spectaculaire percée. Hervé Le Bras, démographe et historien, a analysé la progression du parti d’extrême droite, mercredi soir, sur Europe 1. Pour l'auteur du livre Le Pari du FN (éditions Autrement), le vote frontiste s’est progressivement normalisé. "Dans les régions où il est fort, il est devenu visible. Jusqu’à une certaine époque on ne se vantait pas de voter pour le FN. Maintenant, il est désinhibé", analyse Hervé Le Bras, également directeur d'études de l'EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales).
"Ça peut s’arrêter : les épidémies s’arrêtent." "Quand on est désinhibé, on fait quelques adeptes autour de soi. On se dit : ‘si d’autres gens votent pour le FN, ce n’est pas si méchant'.C’est de l’ordre de l’épidémiologie, en partie. Mais ça peut s’arrêter : les épidémies s’arrêtent", nuance le démographe.
La géographie du FN, "une fixité incroyable". Le directeur d’études de l’EHESS ne s’est pas montré surpris par les scores élevés du FN dans plusieurs régions. "Ce qui ne m’a pas surpris, c’est sa géographie, parce qu’elle est d’une fixité incroyable. Ca a augmenté d’autant plus entre les départementales de mars et le premier tour des régionales qu’ils étaient déjà forts à cette période", constate Hervé Le Bras. "Le haut de la distribution, c’est en PACA et dans le Nord, où l’augmentation est de 6,5%, alors que le FN était déjà dans les 34-35%. Le bas de la distribution, c’est l’Ile-de-France, la Bretagne, les pays de la Loire. En revanche, en Midi-Pyrénées et Languedoc, il s’est passé quelque chose de difficilement compréhensible."