Rarement, à l’approche d’une élection présidentielle, autant de candidats n’ont voulu placer le citoyen au cœur de leurs propositions. Emmanuel Macron veut un contrôle de l’action du président de la République par les citoyens, Nathalie Kosciusko-Morizet veut une chambre des Citoyens à la place du Conseil économique et social, Jean-Luc Mélenchon se dit ouvert à tous mais veut placer "les citoyens d’abord". Quant à Jean-Christophe Fromantin, le maire divers droite de Neuilly, il veut carrément présenter 577 citoyens aux prochaines législatives. Ce ne sont là que quelques exemples. Par ailleurs, les initiatives pour promouvoir des candidats citoyens foisonnent. Laprimaire.org, le candidat-citoyen Sébastien Nadot du Mouvement progressiste et la Primaire des Français, initiée par plusieurs mouvement citoyens.
Parmi eux, La Transition, de Claude Posternak. Ce communicant, qui a notamment conseillé Marine Aubry en 2011 lors de la primaire socialiste, explique cette résurgence du citoyen dans le débat politique par un rejet inédit de la classe politique. Et assure que les Français ne seront pas dupes de la tentative de récupération.
Pourquoi les candidats évoquent aussi fréquemment le citoyen dans leurs propositions ?
Il y a un fait nouveau et fondamental : 85 % des gens ne souhaitent pas que François Hollande soit candidat, 84% ne souhaitent pas voir Nicolas Sarkozy, 78% ne veulent pas d’une candidature de Marine le Pen. Dans n’importe quelle démocratie, les gens s’effaceraient. Dans une récente étude du Cevipof (Centre d’études politique de Sciences-Po, ndlr), seules 9% des personnes interrogées disaient avoir confiance dans les hommes politiques. Il y a désormais plus qu’un rejet, une indifférence vis-à-vis de la classe politique. Les élus que je rencontre racontent qu’ils ne se font même plus engueuler par les citoyens. Ils ne leur parlent plus et c’est, pour eux, la pire des choses.
Il y a donc un champ nouveau, qui est celui des citoyens, de la société civile. Ils ont envie de reprendre la main non pas parce qu’ils le souhaitent, mais parce qu’ils pensent qu’ils n’ont plus le choix face à l’échec de la classe politique. Il n’y a pas de remise en cause des élites proprement dites, mais de l’inefficacité des élites. L’opinion publique accepte sans problème la délégation du pouvoir, à condition que les politiques réussissent. Or, depuis des années, ils échouent. Ceux qui font appel aux citoyens tentent de récupérer le phénomène. Ils sentent que c’est porteur.
Pensez-vous que cela pourra leur profiter, que ces propositions seront efficaces électoralement ?
Les politiques, ils parlent des citoyens. Point à la ligne. Ils se disent que l’appel aux citoyens pourra être une des composantes possibles en 2017. Mais il y a l’amour et les preuves d’amour. Nous, on est ouvert à tout le monde, on a ouvert la porte à tous les candidats. Deux seulement sont venus nous, voir, c’est Emmanuel Macron et Arnaud Montebourg. On ne dit pas qu’on représente le peuple, mais quand même, c’est un signe. Nicolas Sarkozy a été élu sur la rupture en 2007, François Hollande sur le changement en 2012. Et au final, les Français n’ont rien vu. Les Français veulent des preuves et ils ne sont plus dupes. A partir du moment où l’émetteur n’est plus crédible, le message ne passe plus.
La société civile peut-elle réellement reprendre la main en 2017, face aux grands partis ?
Je suis très optimiste. Il ne peut pas y avoir un tel rejet de la classe politique sans que ça se traduise d’une manière ou d’une autre dans les urnes. Il y a une opportunité en 2017 de faire changer les choses. A cet égard, Emmanuel Macron suscite un certain espoir. Il a compris ce qui se passait, c’est pour ça qu’il s’est positionné sur le ni droite, ni gauche. C’est pour cela qu’il prône, comme nous, un nouveau partage avec les citoyens, sur le diagnostic et sur les idées. Il faut se souvenir qu’il y a quelques mois, il n’était connu de personne. Maintenant, il est vraiment dans le jeu. Une personnalité qui surgit aussi vite et qui s’installe, c’est quelque chose qui était impensable il y a quelques années.