"EELV, c'est fini". Le cofondateur du parti écologiste, Jean-Paul Besset claque la porte, comme l'ont fait avant lui François de Rugy, Jean-Vincent Placé ou Véronique Massonneau. L'ancien député européen a annoncé sa décision, mercredi, en évoquant un "devoir de retrait" d'un parti selon lui en proie à une "marginalisation groupusculaire", des "discours doctrinaires", des "caprices de star" et des "stratégies tordues".
C'était mieux avant. Dans une longue tribune publiée dans Libération, ce proche de Nicolas Hulot retrace l'histoire de ce parti créé fin 2010 après le succès de l'alliance entre Les Verts et Europe Ecologie aux européennes de 2009 puis aux régionales de 2010, création à laquelle il avait participé au côté de Daniel Cohn-Bendit. "A cette époque, les lignes avaient bougé au sein de la conscience collective", rappelle Jean-Paul Besset, évoquant une "dynamique inattendue", une "maturation culturelle et sociale autour de l'impératif écologique", avec notamment le pacte écologique de Nicolas Hulot et le Grenelle de l'environnement.
L'écologie, un "accessoire". "Las!", poursuit-il, "les figures imposées d'un parti dont la culture militante rangea vite ce qui le distinguait - l'écologisme - au rang d'accessoire eurent tôt fait de reprendre le dessus". "A peine né, le parti de l'écologie politique redevint Les Verts et se referma sur le pré carré des affrontements binaires, surjouant les réflexes d'appartenance à un camp plutôt que le dépassement et la convergence vers les nouveaux enjeux de l'intérêt général", analyse-t-il. Pour lui, EELV s'est "inféodé à un "ancrage à gauche" nostalgique, se déchirant ad nauseam entre gauche vociférante ou gauche agonisante", dans une allusion au débat qui a agité le parti l'été dernier entre défenseurs d'un rapprochement avec le Front de gauche et partisans d'un retour dans le gouvernement de Manuel Valls.
"Le parti est descendu trop bas". Donc, conclut-il, "Europe Ecologie-Les Verts, c'est fini". Le parti est "descendu beaucoup trop bas pour se relever, trop abîmé, trop disqualifié, trop décrédibilisé", affirme-t-il "sans plaisir ni ressentiment" mais "en assumant une part de l'échec".