Le président nationaliste de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni a annoncé dimanche qu'il refusait de rencontrer le Premier ministre le 2 juillet pour conclure un cycle de réunions sur l'avenir de l'île, dénonçant le "mépris" du gouvernement". "À défaut d'un signal fort, public - peu probable en l'état - indiquant que Paris entend rompre avec (sa) politique méprisante pour négocier loyalement avec la Corse, je ne me rendrai pas" à cette rencontre censée "conclure" ce cycle de réunions, écrit Jean-Guy Talamoni dans une lettre à Édouard Philippe.
Convié le 2 juillet, et directement compétent pour intervenir dans ces discussions, le chef de l'exécutif corse, Gilles Simeoni, a refusé pour sa part de commenter cette décision. Lui décidera de faire le déplacement ou non "après avoir consulté mon conseil exécutif et les deux groupes de la majorité territoriale", les autonomistes dont il est issu, et les nationalistes de Jean-Guy Talamoni, a-t-il déclaré.
Des nationalistes déçus par la visite de Macron en mars. Le président de l'Assemblée insulaire avait déjà boycotté des visites ministérielles et fait part à plusieurs reprises de sa déception sur le dialogue ouvert avec le gouvernement, qui prévoit de dédier un article à la Corse dans sa réforme constitutionnelle. Les nationalistes au pouvoir dans l'île ont notamment été déçus par une visite en mars d'Emmanuel Macron, qui avait écarté plusieurs de leurs revendications.
Un "terrible gâchis". Le dialogue avec le gouvernement a tourné court, regrette dimanche, deux jours avant le démarrage de l'examen en commission à l'Assemblée du projet de loi constitutionnel, Jean-Guy Talamoni : "nos différentes demandes ont été traitées par le mépris et (...) Paris a fait ce qu'il avait déjà décidé de faire avant même l'ouverture des débats". "Ces derniers mois ont été l'occasion d'un terrible gâchis et d'un véritable déni de démocratie. Gâchis car tous les éléments étaient réunis dans l'île pour un règlement définitif de la question corse, avec notamment, en juin 2014, la décision du FLNC de sortie de la clandestinité", souligne-t-il dans sa lettre postée sur Twitter.
Invitation du Premier ministre à Matignon : je n’irai pas acquiescer à la politique du mépris ⤵️ pic.twitter.com/B2mGFJPCPr
— Jean-Guy Talamoni (@JeanGuyTalamoni) 24 juin 2018
"J'ai encore un pouvoir : celui de dire non". Les électeurs ont donné lors des élections territoriales fin 2017 "une majorité absolue à une liste se réclamant du mouvement national corse (mais) Paris n'a voulu en tenir aucun compte". "Étant l'un des responsables d'un petit pays (...) soumis jusqu'à aujourd'hui au dédain et à l'arbitraire, je n'ai que peu de moyens pour combattre l'injustice qui continue à être faite à mon peuple", poursuit Jean-Guy Talamoni. "Je ne peux vous empêcher de considérer mon pays comme un territoire soumis à votre bon vouloir, mais j'ai encore un pouvoir: celui de dire non", ajoute-t-il. En mars, Jean-Guy Talamoni avait réclamé du gouvernement davantage de garanties en matière de fiscalité du patrimoine, de protection du foncier et de reconnaissance de la langue corse.