Deux noms incarnent à eux seuls le coup de semonce qui secoue le paysage politique : Nicolas Hulot et Gérald Darmanin. Nicolas Hulot incarne à lui seul l’écologie aux yeux des Français, il transcende les clivages politiques. Il est aussi l’une des personnalités préférées des Français.
Un coup de grâce pour EELV. Europe Ecologie les Verts a explosé pendant le quinquennat de François Hollande, Emmanuel Macron leur donne le coup de grâce avec Nicolas Hulot. Il a des responsabilités, il devient ministre d'Etat, numéro trois du gouvernement. Il n’y a désormais plus aucune raison aux législatives de voter pour les derniers apparatchiks EELV en voie de disparition. Le vrai pouvoir écologiste est au gouvernement.
Quant à Gérald Darmanin, il aurait dû incarner le renouveau de la droite, son avenir. Sarkozyste à la fibre gaulliste sociale, emblème de la méritocratie, lui, le fils de femme de ménage et petit-fils de Harki, se voit confier à 34 ans un poste colossal à Bercy.
Les législatives en ligne de mire. Spectaculaire ! Ce gouvernement est spectaculaire pour gagner les législatives. C’est un gouvernement de conquête. Un équilibre bien dosé pour déminer l’idée de débauchages à la façon de Nicolas Sarkozy en 2007 : un écologiste, deux ministres de droite avec Bruno Le Maire, trois membres du Modem et six ministres de gauche. Les ministres de droite et du centre ont des responsabilités. Ils ne sont pas là pour faire de la figuration.
L’efficacité plutôt que la durée. Autre message : la compétence avec des ministres de la société civile. Cela peut fonctionner s’il n’y a pas d’imprévu, pas de couac de la part d’un ministre dans le mois qui vient. C’est déjà arrivé : Jean-jacques Servan-Schreiber, en 1974, est resté ministre dix jours avant d'être écarté pour s’être opposé aux essais nucléaires. En 1988, Léon Schwartzenberg est parti au bout de huit jours. Nicolas Hulot est capable de claquer la porte s’il estime que le contrat n’est pas respecté.
Un gouvernement spectaculaire qui n’est pas fait pour durer donc. Aussi compétents soient-ils, les ministres issus de la société civile vont découvrir la complexité du combat politique, autant dire un changement de monde. Mais on l’a compris, dans le logiciel d’Emmanuel Macron, la première qualité d’un ministre n’est pas de durer, mais d’être efficace.