Le débat sur le "tracking", la collecte de données numériques, promet d’être agité dans les jours à venir. Plusieurs voix s’élèvent dans la majorité contre ce dispositif que le gouvernement réfléchit à utiliser pour lutter contre le coronavirus. C’est le cas du député LREM Sacha Houlié, vivement opposé à ce projet. "Cette voie empruntée est sans retour", prévient le député.
"On a étudié à la commission des lois l’utilisation du tracking et la reconnaissance faciale dans la lutte contre le terrorisme. Même là on n’était pas allé dans ce sens. Si on s’engage dans cette voie, alors nous l’utiliserons tout le temps", assure-t-il. "Je voterai contre toute mesure qui ira dans ce sens. Si la décision est prise d’instaurer le tracking, je contrôlerai l’application par l’exécutif", a également annoncé l’élu.
"Les personnes âgées, les plus vulnérables, sont les moins connectées"
Le député, très engagé sur le sujet, a publié une tribune au vitriol dans le Journal du Dimanche pour s’opposer à ce dispositif de tracking, qui pourrait permettre au gouvernement de collecter les données téléphoniques pour surveiller les personnes contaminées, ou encore s’assurer du respect des mesures de confinement. "Plusieurs arguments discréditent [le tracking]. Il y a d’abord un argument civilisationnel : si les sociétés asiatiques l’ont fait c’est parce que les sociétés collectives priment sur les individus. Dans les sociétés occidentales, c’est l’exact inverse, avec la reconnaissance et la protection des droits individuels", soutient Sacha Houlié.
"Mon deuxième argument se rapporte à l’efficacité. On nous dit que ce sera la mesure efficace pour sortir un jour [de confinement], ce qui selon moi est faux. Singapour a mis en place ce tracking pendant plusieurs semaines mais est obligé de se confiner maintenant, parce qu’ils n’ont pas réussi à endiguer l’épidémie", a poursuivi l'élu. "Ensuite, on va demander aux gens de se connecter de façon volontaire. Et les personnes âgées, les plus vulnérables, sont celles qui sont le moins connectées. D’autre part il existe des zones blanches en France", s'inquiète-t-il.
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"Il y a des solutions sur les masques, les tests, les déconfinements par zones"
Sacha Houlié, également très engagé sur les libertés des supporters de football (les ultras), plaide pour des solutions "alternatives" au tracking. "Si on doit dépenser de l’argent, c'est pour faire des tests et équiper les gens en masques. Il faut se poser la question de savoir si nous voulons vivre avec un bracelet électronique. C’est de ça qu’on parle. Il y a des solutions sur les masques, les tests, les déconfinements par zones. Toute ces solutions sont alternatives à une voie qui serait irréversible si elle était empruntée", conclut le député de la majorité.