Le Front National a saisi l'Office européen anti-fraude (Olaf) du cas d'eurodéputés d'autres partis qui auraient recours, selon lui, à des emplois fictifs ou irréguliers d'assistants au Parlement européen, a-t-on appris mardi auprès de cet organe de l'UE. Cette contre-attaque intervient alors que le parti et sa présidente Marine Le Pen, candidate à la présidentielle, sont eux-mêmes soupçonnés d'avoir eu recours à des emplois fictifs d'assistants au Parlement européen.
Les informations transmises par le FN, bientôt examinées. "L'Olaf peut confirmer avoir reçu, le 28 mars, ces allégations" de la part du Front National, a indiqué une porte-parole de l'organe anti-fraude, répondant à une question de l'AFP sur cette saisine, dont le parti avait annoncé le projet. Des "experts spécialisés" vont évaluer les informations transmises par le FN, pour déterminer s'il est compétent pour les exploiter et s'il y a une "suspicion suffisante de fraude, de corruption ou d'activité illégale affectant les intérêts financiers de l'UE" pour ouvrir une enquête, a précisé la porte-parole.
L'Olaf n'était pas en mesure de préciser le temps que prendrait cet examen préliminaire et a indiqué qu'il ne pouvait "pas faire davantage de commentaires à ce stade" sur le contenu des "allégations" du FN.
Le vice-président du FN Florian Philippot avait indiqué qu'une "trentaine d'assistants" travaillant pour "une vingtaine de parlementaires" au Parlement européen seraient visés par la saisine, "faite au nom de l'égalité de traitement", sans préciser qui étaient les députés visés.
Deux assistants FN mis en examen. Le FN est lui-même soupçonné d'avoir eu recours à des emplois fictifs d'une vingtaine d'assistants au Parlement européen. Ce dernier a lancé des procédures de recouvrement pour un total de 1,1 million d'euros, par le biais de prélèvements sur les indemnités de six eurodéputés frontistes, dont Marine Le Pen (environ 340.000 euros) et son père, Jean-Marie Le Pen (environ 320.000 euros). Le Parlement s'est constitué partie civile dans l'enquête ouverte en France sur ces soupçons d'emplois fictifs, vivement contestés par le FN.
Deux assistants ont été mis en examen et deux eurodéputées, Marine Le Pen et Marie-Christine Boutonnet, ont fait valoir leur immunité parlementaire pour ne pas se rendre à une convocation des juges. "Évidemment, il y a d'autres députés que ceux du FN pour lesquels les services du Parlement européen ont eu ou ont des doutes, ont posé des questions et ont même demandé des remboursements", a indiqué une source parlementaire. Mais le FN "semble faire ça de manière systématique, structurelle, pour tout le groupe", a-t-elle ajouté.