C'est un arbitrage décisif et très attendu par les acteurs de l'énergie. La ministre de l'Environnement et de l'Energie, Ségolène Royal, s'apprête à accéder à la demande d'EDF en prolongeant la vie des centrales nucléaires françaises de dix ans, de 40 à 50 ans. L'annonce devrait être formalisée début mars dans un décret de programmation pluriannuel de l'énergie. EDF va donc lancer le "grand carénage", vaste programme industriel pour lifter ses vieilles centrales et prolonger leur utilisation au-delà des 40 années prévues. Le tout pour un coût de 50 milliards d’euros sur 10 ans, selon EDF. La Cour des comptes, quant à elle, parle de 100 milliards d'euros sur 15 ans.
Le retard de la transition énergétique. Lorsqu'il était candidat en 2012, François Hollande avait pourtant promis de réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité française, de 75% aujourd'hui à 50% à l'horizon 2025. Un engagement repris dans la loi de transition énergétique, définitivement adoptée en juillet 2015. Si l'objectif est officiellement inchangé, cela devrait ne rester qu'un vœu pieux. A moins de faire pousser des éoliennes comme des champignons dans ses campagnes, la France n'a, de fait, rien pour remplacer l'atome. Son retard dans le développement des énergies renouvelables est considérable. Alors que 23% de l'énergie consommée devait provenir d'énergies vertes d'ici à 2020, ce seuil ne sera pas atteint, selon tous les spécialistes.
Hollande "flou" sur la fermeture de Fessenheim. En outre, aucune fermeture de centrale nucléaire n'est enclenchée. Celle de Fessenheim est bien actée, mais cela ne représente que deux réacteurs sur les 58 que compte le parc nucléaire français. Et la date de début du chantier reste inconnue. Appelée au ministère du Logement lors du dernier remaniement, Emmanuelle Cosse, ancienne numéro un d'Europe Ecologie-Les Verts, a bien évoqué le sujet avec François Hollande avant d'entrer au gouvernement. Mais selon nos informations, le président est resté très "flou" sur le sujet de Fessenheim.
Un choix politique. A contrario, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Levy, avait été très clair la semaine dernière. En dehors de Fessenheim, "il n'y a pas d'autre fermeture prévue dans les dix ans à venir". Le nucléaire reste donc la base énergétique de la France et cela ne devrait pas changer à moyen terme. Un choix politique que François Hollande n'assume pas totalement, mais dont EDF compte bien profiter. Le groupe, qui va donc obtenir la prolongation de 40 à 50 ans de ses centrales, prépare déjà un nouvel argumentaire pour obtenir encore dix ans de plus et porter la durée de vie ses réacteurs à 60 ans.