Le groupe LFI exclut le député Hugo Prevost pour «des faits graves à caractère sexuel»

Les députés LFI Hugo Prévost (gauche) et Idir Boumertit (droit) à Lyon. © Matthieu Delaty / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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Avec l'AFP / Crédits photo : Matthieu Delaty / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à

Après Adrien Quatennens, qui avait reconnu avoir giflé son ex-campagne en décembre 2022, le député LFI Hugo Prévost est écarté du parti pour des faits de violences sexuelles. L'organisation co-fondée par Hugo Prévost, l'Union étudiante, appelle à ce que "justice soit faite" sur des faits survenus ces quatre dernières années.

Le groupe de La France insoumise à l'Assemblée nationale a décidé mardi d'exclure le député de l'Isère Hugo Prevost pour "des faits graves à caractère sexuel pouvant relever d'infractions pénales", selon un communiqué. Il s'agit de faits "antérieurs" à l'élection du député de l'Isère. Cet ancien syndicaliste étudiant âgé de 25 ans a été élu pour la première fois en juillet contre l'ancien ministre macroniste Olivier Véran. 

Des faits connus depuis plusieurs années

Le groupe explique avoir été saisi fin septembre par le Comité de vigilance contre les violences sexistes et sexuelles (CVSS) de LFI "concernant des faits graves à caractère sexuel pouvant relever d'infractions pénales, antérieurs" à l'élection du député. Après l'audition du député et au vu des éléments du CVSS, le groupe parlementaire réuni mardi "a prononcé l'exclusion du député", "conformément aux principes de la charte signée" par les candidats aux législatives , engageant à "défendre les valeurs féministes et à combattre les violences sexistes et sexuelles".

Il souligne que cette décision ne pourra jamais "se substituer" à une décision de justice et "réitère son engagement sans faille dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ". La France insoumise avait été secouée fin 2022 par l'affaire du député Adrien Quatennens , condamné pour violences conjugales, qui avait rejoint les bancs de l'Assemblée nationale un mois à peine après sa condamnation. Le groupe LFI l'avait exclu temporairement pendant quatre mois, mais plusieurs députées du mouvement avaient dénoncé son retour dans celui-ci.

L'Union étudiante, qu'Hugo Prévost a co-fondée, rapporte de son côté dans un long communiqué avoir recueilli des "témoignages" faisant état de "faits de harcèlement moral et sexuel, de schémas de prédation, de faits graves pénalement répréhensibles à caractère sexuel". Ces faits "s'étalent sur une période de 2020 à 2024 et se seraient poursuivis après le départ de Hugo Prevost de l'équipe nationale (...) en mars", ajoute l'organisation étudiante qui dénonce "une volonté de contrôle sexuel et politique des femmes".

L'organisation ajoute que "la majorité des faits (...) étaient connus de certains depuis plusieurs mois voire plusieurs années". Elle demande que "justice soit faite" et exhorte le député à "démissionner de son mandat".

Dans l'Isère, appels à la démission du député Hugo Prevost

Les Écologistes et le PS en Isère, ainsi que sa suppléante, ont appelé mercredi à la démission du député LFI de l'Isère Hugo Prevost, exclu par le groupe de La France Insoumise à l'Assemblée nationale pour des "faits graves à caractère sexuel". Dans la foulée, il a également été exclu de LFI, a indiqué la formation de gauche radicale à l'AFP.

Hugo Prevost n'a pas réagi dans l'immédiat. Le parquet de Grenoble a indiqué de son côté mercredi n'avoir reçu "aucune trace de plainte" concernant le député. L'annonce du groupe LFI a suscité mercredi de nombreuses réactions en Isère, où le député LFI l'avait emporté en juillet face à l'ancien ministre macroniste Olivier Véran.

Ce dernier a réclamé une "enquête": "À l'appui des preuves dont il dit disposer, et qui constitueraient selon eux une infraction pénale, le NFP doit saisir sans délai le procureur de la République via l'article 40, comme la loi le prévoit", a-t-il estimé. La suppléante d'Hugo Prevost, Salomé Robin, s'est dite dans un communiqué "atterrée et écœurée par ces révélations", faisant part de son "soutien aux victimes". "N'ayant absolument plus rien à voir avec Hugo Prevost, je vous informe que je quitte mon rôle de députée suppléante, dans l'attente d'une démission de sa part", ajoute-t-elle.

La représentation locale des Écologistes a évoqué un "choc" et indiqué "ne pas (pouvoir) accepter d'être représenté-e-s par un élu accusé de faits aussi graves", appelant à sa "démission de l'Assemblée nationale". Même "effroi" au sein de la Fédération du Parti socialiste de l'Isère, qui a également réclamé une "démission immédiate". "La décision (d'exclusion) a été prise, à l'unanimité, par tous nos députés. (...) A titre personnel, je demande la démission d'Hugo Prevost", a déclaré de son côté la députée LFI Élisa Martin au quotidien Le Dauphiné Libéré.

Le maire de Grenoble Éric Piolle a pour sa part indiqué sur X apporter son "plein soutien aux victimes" et "salue la décision rapide du groupe LFI". Selon Mediapart, au moins quatre personnes accusent le jeune parlementaire de violences sexistes et sexuelles, comprenant pour une femme des attouchements et des rapports non consentis, et pour les trois autres des "pressions constantes", du "harcèlement moral, sexuel" et de propos sexistes au travail de 2020 à 2024.