Le Parlement a adopté, par un ultime vote jeudi matin à l'Assemblée nationale, le projet de réforme du statut d'autonomie de la Polynésie française, qui reconnaît le rôle joué par ce territoire du Pacifique dans le développement de la capacité de dissuasion nucléaire française. Mais les deux textes - organique et ordinaire - n'ont pas été votés à l'unanimité à l'Assemblée, le député de Polynésie Moetai Brotherson, rattaché au groupe communiste à l'Assemblée et par ailleurs représentant du Tavini Huiraatira, parti indépendantiste polynésien, ayant fait le choix de voter contre la loi organique et de s'abstenir sur la loi ordinaire, estimant notamment que ce statut toiletté n'améliorerait pas le sort des victimes des essais nucléaires.
193 essais nucléaires en trente ans
Mercredi, le Sénat avait adopté ces deux textes à l'unanimité. Députés et sénateurs s'étaient mis d'accord début mai en commission mixte paritaire (CMP) pour faire évoluer ce projet de réforme, et notamment la rédaction de l'article 1er de la loi organique, en reconnaissant que la collectivité ultramarine a été "mise à contribution" par la France dans "la construction de la capacité de dissuasion nucléaire et à la défense nationale", et que cette contribution n'était pas volontaire. Cette mesure phare a été saluée par tous les groupes politiques. De 1966 à 1996, les atolls de Mururoa et Fangataufa ont été le théâtre de 193 essais nucléaires, qui ont eu des effets sur la santé et l'environnement des populations.
Reconnaissance et accompagnement
Pour la députée polynésienne Maina Sage (UDI-Agir), l'article 1er "consacre la reconnaissance de la République" au rôle de la Polynésie dans "l'histoire du nucléaire français", mais aussi "la reconnaissance des actes clairs de réparation". "Nous avons rajouté au sein de cet article 1er ( ...) le fait que cela devait se traduire par un accompagnement sur le plan sanitaire, mais aussi sur le plan écologique et l'économique", a-t-elle insisté. "En reconnaissant le fait nucléaire et ses conséquences, la Nation toute entière consacre son devoir de mémoire et de reconnaissance à la Polynésie française", a estimé le ministre chargé des relations avec le Parlement Marc Fesneau, au nom du gouvernement.