Le PCF cherche la solution anti-Hollande pour 2017

Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, devra composer encore et toujours avec l'encombrant Jean-Luc Mélenchon lors du congrès de son parti. © ERIC CABANIS / AFP
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Lâché par Jean-Luc Mélenchon, mais revigoré par le climat social, le Parti communiste, réuni en congrès de jeudi à dimanche, garde espoir d’exister à la prochaine présidentielle. 

Pour le lancement du congrès du PCF, jeudi à Aubervilliers, la star ne sera pas Pierre Laurent, le secrétaire national du parti, mais bien Jean-Luc Mélenchon. Après moult hésitations, le candidat à la présidentielle de 2017 a décidé de se rendre au congrès jeudi après-midi. Il ne participera pas aux trois autres jours de débat, mais devrait être présent dans les esprits C’est qu’en (re)partant au combat pour la présidentielle quasiment en solitaire, le député européen a mis le Parti communiste, qui s’interroge toujours sur l’opportunité d’une primaire, en ébullition. En Seine-Saint-Denis, le PCF aura à cœur de montrer qu’il pourra peser en 2017. Et ce n’est pas gagné.

  • Mélenchon, Mélenchon…

L’accueil réservé à Jean-Luc Mélenchon risque d’être au diapason de la météo : bien froid. Car l’ancien candidat à la présidentielle n’a pas ménagé ses ex-alliés communistes ces derniers mois. D’abord donc, en se présentant pour 2017 sans les consulter. "La démarche qui est la sienne est une démarche aujourd'hui trop personnelle, trop solo, donc, nous allons maintenir (au congrès) notre invitation à ce qu'il rejoigne un processus collectif", a prévenu Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, jeudi sur RFI. "Sa candidature a été très mal ressentie chez les militants, surtout quand il dit que les communistes ‘vont venir lui manger dans la main’", a de son côté expliqué mercredi à l’AFP le président du groupe communiste à l’Assemblée André Chassaigne.

Pour autant, le rejet n’est pas unanime du côté du PCF. "Je suis pour considérer que la candidature de Jean-Luc Mélenchon n'est pas négligeable", a ainsi expliqué Patrice Cohen-Seat, membre du conseil national du PCF et signataire d'une des quatre motions alternatives à celle de l'actuelle direction. Preuve que la rupture avec le cofondateur du Parti de gauche n'est pas approuvée par tous les militants, cette motion, qui plaide pour "travailler à redonner de l’élan et du souffle au Front de gauche",  a remporté près d'un quart des suffrages (23,68%) des quelque 30.000 votants (sur 51.000 inscrits).

Le principal intéressé, lui, continue de parier qu’au final, le PCF finira par le soutenir.  "Les communistes, d'abord, beaucoup d'entre eux sont engagés dans ma campagne. Ils n'ont pas attendu la décision qui, à mon avis, finira par se produire, du parti lui-même", a assuré le député européen jeudi matin sur RTL.

  • …Et encore Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon sera d’autant plus au centre des discussions que l’eurodéputé a eu la bonne idée d’organiser dimanche son défilé de la France insoumise à 14 heures à Paris. Soit deux petites heures après le début du discours de clôture de Pierre Laurent, traditionnel temps fort du PCF. Discours suivi d’un "Grand pique-nique festif et citoyen". En clair, pour les militants, ce sera soit le pique-nique, soit Mélenchon. Et ça, ça n’est pas passé du côté du PCF.  "Je regrette, et je le lui ai dit, que Jean-Luc Mélenchon ait choisi délibérément ce jour", a déclaré Pierre Laurent mardi à la presse, exigeant du "respect entre partenaires".

"Il n'y a aucune volonté de provocation de ma part, d'aucune sorte. Je ne suis pas un anti-communiste, il y a des gens qui le sont mais moi, je ne le suis pas", a répliqué Jean-Luc Mélenchon jeudi sur RTL. "Les horaires sont calculés de telle manière que chacun puisse tranquillement aller de l'une à l'autre manifestation", a-t-il poursuivi. Pour ceux qui voudront écouter le discours de Pierre Laurent dans son intégralité avant de rallier la place Stalingrad, à Paris, il faudra quand même faire vite.

Certains ont déjà annoncé leur volonté de se rendre aux deux événements. C’est le cas notamment de l'ancienne patronne du parti, Marie-George Buffet, et de ses soutiens. Ce qui ne risque pas de renforcer l’unité d’un parti en proie aux divisions.

  • Une direction nationale fragilisée

Des divisons qui sont en grande partie dues aux récentes décisions de la direction nationale du PCF. Et en particulier celle de se rallier à l’idée d’une primaire à gauche au côté du PS. Avec le risque induit de devoir soutenir François Hollande si celui-ci était finalement désigné.  Du coup, fait rarissime dans l’histoire du part, la motion de Pierre Laurent a bien failli être mise en minorité lors des votes d’avant-congrès, puisqu’elle n’a recueilli que 51,2% des voix.

Du coup, Pierre Laurent a revu sa copie. Le secrétaire national ne parle plus de primaire, désormais, mais de la constitution d'ici à début novembre d'un "socle politique commun avec les forces de gauche qui veulent une rupture avec la politique gouvernementale actuelle". Une fois ce "socle commun" élaboré, à partir du programme "L'Humain d'abord" de 2012 - dont s'inspire également Jean-Luc Mélenchon -, il sera proposé aux écologistes, aux composantes du Front de gauche, aux déçus du Parti socialiste et... à Jean-Luc Mélenchon.

  •  La loi Travail comme salut ?

Le salut, pour Pierre Laurent et la direction, pourrait venir du climat social qui règne en France. La contestation à la loi Travail, rejetée par une majorité de Français, a tendance à renforcer la gauche de la gauche. Même si elle est largement menée par les syndicats. Du coup, vendredi après-midi, est prévu un "hommage aux forces syndicales et à leurs luttes, notamment contre la Loi El Khomri". A moins d’un an de la présidentielle, le PCF n’exclut en tous cas aucun scénario. A part celui de soutenir un candidat de la ligne gouvernementale. Et a fortiori François Hollande.