Mise à jour à 20h20 : Le bureau exécutif du Front national a décidé d'exclure Jean-Marie Le Pen. "La décision complète et motivée sera notifiée prochainement à M. Le Pen", précise le communiqué.
Le face-à-face n'aura finalement pas lieu. Jean-Marie Le Pen est convoqué jeudi à 14 heures devant le bureau exécutif du Front national, mais Marine Le Pen n'y assistera pas. La présidente du FN invoque le souci de respecter "une totale impartialité" pour expliquer son absence, alors que la direction du parti a retenu 15 griefs contre Jean-Marie Le Pen, allant de ses propos sur les chambres à gaz aux déclarations ciblant sa fille et Florian Philippot. De son côté, Jean-Marie Le Pen compte bien assister à la réunion. "S'il n'y a personne, je ferai un monologue. Je n'ai malheureusement pas son talent mais je tenterai d'imiter monsieur Luchini", s'est-il amusé auprès du Lab d'Europe 1. Un énième rebondissement dans une crise qui dure maintenant depuis plus de quatre mois. Europe 1 récapitule les épisodes précédents.
• La bombe : les propos sur les chambres à gaz et l'interview à Rivarol. Invité de BFMTV le 2 avril dernier, Jean-Marie Le Pen est interrogé sur ses déclarations sur les chambres à gaz, "détail" de la Seconde Guerre mondiale. Et il ne regrette rien. La semaine suivante, il en remet une couche dans une interview à l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol. Du maréchal Pétain aux origines espagnoles de Manuel Valls, chaque phrase ou presque de l'entretien est une provocation délibérée. Marine Le Pen parle de "suicide politique" et ouvre une procédure disciplinaire contre son père.
• Le désaveu : pas de candidature aux régionales. Alors que la plupart des cadres frontistes condamnent ses propos, Jean-Marie Le Pen est contraint de renoncer à sa candidature aux élections régionales en Paca. C'est sa petite-fille, Marion Maréchal-Le Pen, qui est investie par le parti le 17 avril.
• La mise en scène : un 1er mai très agité. Jean-Marie Le Pen se rappelle toutefois au bon souvenir de sa fille lors du traditionnel défilé du FN, le 1er mai à Paris. Le patriarche commence par déposer, seul, une gerbe devant la statue de Jeanne d'Arc. "Jeanne, au secours !", tonne-t-il sous l’œil des caméras. Puis, alors que Marine Le Pen s'apprête à prononcer son discours, il monte sur la scène pour saluer la foule, avant de quitter les lieux aussi sec.
• La sanction : Jean-Marie Le Pen suspendu du FN. Le 4 mai, le bureau exécutif décide la suspension de Jean-Marie Le Pen du FN. "Une félonie", s'étrangle-t-il sur Europe 1, ajoutant à propos de sa fille : "j'ai honte qu'elle porte mon nom".
• La guerre judiciaire : une triple victoire pour Jean-Marie Le Pen. Les avocats de Jean-Marie Le Pen assignent le FN en justice. Le 2 juillet, le tribunal de Nanterre annule en référé sa suspension du FN. La semaine suivante, la justice invalide la tenue d'un congrès par correspondance, par lequel Marine Le Pen souhaitait notamment supprimer la fonction de président d'honneur occupée par son père. Le parti fait appel, mais le 28 juillet, la cour d'appel de Versailles confirme la suspension du "congrès postal", enjoignant le FN à réunir physiquement ses adhérents.
• Le jugement : Le Pen convoqué au bureau exécutif. Le 4 août, au beau milieu de l'été, Marine Le Pen convoque de nouveau son père devant le bureau exécutif du FN "statuant en formation disciplinaire". La grande explication est prévue pour le jeudi 20 août. Une séance qui pourrait déboucher sur une exclusion pure et simple du cofondateur du parti. Mais dans ce cas de figure, nul doute que Jean-Marie Le Pen lancera à nouveau ses avocats aux trousses de sa fille. Il est donc peu probable qu'il s'agisse de l'épisode final. Plutôt du début de la saison 2...