Serait-ce l'heure de la résurrection cathodique ? Marine Le Pen est l'invitée, jeudi soir sur France 2, de L'Émission Politique. Et n'a pas droit à l'erreur pour son grand retour à la télévision après le débat d'entre-deux-tours de la présidentielle. Face à Emmanuel Macron, la présidente du Front national s'était rapidement enlisée avec des propos erronés, décousus ou caricaturaux, avant de se lancer dans une douteuse imitation de son adversaire restée dans les annales du GIF. À charge pour elle de faire oublier, jeudi soir, cette prestation douloureuse.
Meilleure forme. Débarrassée de la fatigue et la pression qu'engendre inévitablement une campagne électorale, Marine Le Pen peut compter sur un meilleur état de forme pour faire mieux que le mercredi 3 mai. D'après son entourage, elle avait souffert ce jour-là notamment d'une vilaine migraine ophtalmique qui avait considérablement entamé ses capacités.
Préparation soignée. La présidente du Front national a également appris de ses erreurs en soignant sa préparation. En mai dernier, en effet, rien n'était prêt à moins de dix heures de la tenue du débat. Comme l'a raconté M Le Magazine du Mondedans une longue enquête, Marine Le Pen avait été plus occupée à ménager les susceptibilités des uns et des autres au sein de son parti et chez ses alliés de Debout la France qu'à réellement réviser les dossiers techniques.
Pas question, cette fois, de laisser quoi que ce soit au hasard. Ses conseillers Philippe Olivier, Sébastien Chenu et Bruno Bilde sont réunis régulièrement pour "la tester sur le fond et la forme", relate Le Point. Les Horaces, ce groupe de hauts fonctionnaires qui réfléchissent pour le compte du Front national, l'ont abreuvée de fiches et de notes.
Sous-estimée ? Face à elle jeudi soir, Marine Le Pen ne trouvera non pas Emmanuel Macron mais l'un de ses ministres, Gérald Darmanin. La présidente du Front national pourrait compter sur une chose pour avoir l'avantage : la tendance générale des politiques, et donc peut-être de son adversaire, à la sous-estimer après son naufrage entre les deux tours. De nombreuses personnalités, de Laurent Wauquiez à Bruno Le Maire en passant par Benjamin Griveaux, ont en effet refusé de débattre avec elle. Certains ont évoqué un planning trop chargé, mais d'autres admettent également que l'enjeu n'est pas suffisamment important selon eux. "On a vu depuis le débat de la présidentielle que débattre avec madame Le Pen n'était pas un exercice de très haut niveau", a ainsi expliqué Bernard Accoyer, président par intérim de LR, sur Radio Classique.
Un passif. Reste que Gérald Darmanin étant ministre des Actions et des Comptes publics, il attaquera sûrement Marine Le Pen sur les questions économiques, qui ne sont pas son point fort. Et l'ancien maire de Tourcoing a déjà prouvé qu'il était capable de la renvoyer dans ses cordes. En juillet dernier, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, la présidente du Front national avait traité l'ex-LR rallié à Macron de "Judas". La réponse avait été cinglante : "À la différence de vous, madame Le Pen, Judas restera dans l'Histoire."