Marine Le Pen a lancé une procédure pour retirer la présidence de groupe FN en Bourgogne-Franche-Comté à Sophie Montel, proche de Florian Philippot, et en Pays-de-la-Loire à Pascal Gannat, partisan d'une ligne plus conservatrice, a appris vendredi l'AFP de sources concordantes. Le débat interne sur la refondation du FN voulue par Marine Le Pen "n'autorise pas les uns et les autres à avoir des propos très agressifs ou vindicatifs", a justifié une source frontiste à l'AFP, confirmant en partie une information de Libération qui avait annoncé que la patronne du FN voulait démettre Sophie Montel.
Pour que l'action du FN se "poursuive dans la sérénité". Le secrétaire général du parti Nicolas Bay a transmis vendredi un courriel aux conseillers régionaux FN de Bourgogne-Franche-Comté, que s'est procuré l'AFP, pour leur annoncer qu'"un groupe Front national" nouveau allait "être constitué et la présidence n'en sera plus assurée par Mme Montel", au FN depuis 1987, afin que l'action du Front national se "poursuive dans la sérénité".
Deux élus régionaux suspendus. L'eurodéputée, principale lieutenante de Florian Philippot dans le parti, se voit reprocher de "continuer à accorder sa confiance et laisser agir et intervenir librement" deux élus régionaux frontistes, Julien Acard et Antoine Chudzik, coupables d'un "comportement inacceptable lors de la campagne des élections législatives" et de "propos très hostiles à la direction du mouvement", d'après ce courriel. Ils ont été "suspendus du FN à la demande de Marine Le Pen et seront convoqués devant les instances disciplinaires".
Philippot défend "une élue exemplaire". "Une solution d'apaisement doit être trouvée rapidement", a demandé Florian Philippot. "Sophie a conduit la liste qui s'est le plus approchée de la victoire en 2015, je le rappelle. Elle est une élue exemplaire, une cadre professionnelle, une militante fidèle et moderne", a-t-il ajouté. Florian Philippot est président et Sophie Montel vice-présidente d'une association, "Les Patriotes", visant à participer au débat interne, mais dont le lancement pendant les législatives avait été jugé intempestif par des frontistes et avait agacé jusqu'à Marine Le Pen.
La situation "beaucoup moins compliquée" en Pays-de-la-Loire. En Pays-de-la-Loire, la situation est "beaucoup moins compliquée", d'après un haut responsable frontiste : "Il peut y avoir un changement à la tête du groupe" avec la démission de Pascal Gannat sans création d'un groupe frontiste alternatif. Pascal Gannat, membre du bureau politique du FN comme Sophie Montel, ex-chef de cabinet de Jean-Marie Le Pen entre 1988 et 1992 et frontiste depuis 1984, critique régulièrement les orientations politiques de Florian Philippot et Marine Le Pen.
Une ligne plus conservatrice. Il avait par exemple jugé au lendemain du second tour que la volonté de sortir de l'Union européenne et de l'euro avait été un "épouvantail pour un grand nombre d'électeurs". "Je considère que le FN est un parti de droite qui combat la gauche", tweetait-il en mai 2016, alors que Marine Le Pen et Florian Philippot défendent le "ni droite ni gauche". Pascal Gannat, qui assure pour autant régulièrement de sa fidélité à Marine Le Pen, avait annoncé jeudi sa "démission" de son poste de patron du FN dans la Sarthe par "lassitude et désir de liberté personnelle".