Un débat entre Marine Le Pen, Xavier Bertrand et Pierre de Saintignon devait se tenir jeudi soir lors de l'émission Des paroles et des actes sur France 2. Sauf qu'en fin de journée, Marine Le Pen a fini par annuler sa venue. Et donc France 2 a purement et simplement annulé la programmation. Une journée noire pour la chaîne publique, dont Europe 1 vous raconte les coulisses.
Les échanges ont commencé à se tendre dès mercredi soir, quand l'équipe de France 2 a proposé un débat sur les régionales. Gilles Bornstein, le rédacteur en chef de l'émission, pensait que cela apaiserait les esprits. Bien au contraire, son équipe a dû passer la journée pendue au téléphone avec Alain Vizier, le directeur de la communication du FN, et directement avec Marine Le Pen.
"Les échanges avec Marine Le Pen ont été assez chauds. Ce n'était pas vraiment de la négociation. Elle était assez énervée par la proposition qu'on lui avait faite", a raconté Gilles Bornstein au micro d'Europe 1. La présidente du FN a en effet dénoncé sur Europe 1 une "mascarade" ainsi qu'une "méthode cavalière et méprisante", fustigeant les "caprices du système UMPS", allusion aux critiques de Cambadélis et Sarkozy. "Nous n'avons cédé à aucune pression. On a maintenu le projet d'émission tel qu'il était. Je pensais réellement qu'elle viendrait", affirme Gilles Bornstein.
Peu avant 18 heures, David Pujadas est dans un taxi en direction des studios de France Télévisions. Un coup de fil de l'attaché de presse de la présidente du Front national lui annonce que cette dernière lui fait finalement faux bond. S'il est resté dans sa bulle pour préparer l'émission, le présentateur du 20h a bien conscience que les échanges ont été musclés : "c'est rare que cela atteigne ce niveau là. On s'attendait à un coup d'éclat. Là, ce qui était nouveau, c'est peut-être l'extrême tension qui, d'une certaine manière, est le reflet de la tension qu'il y a dans la vie politique." Et d'ajouter : "c'est vrai que le FN cristallise davantage les tensions et les éclats de voix".
Coup d'éclat ou instrumentalisation, David Pujadas refuse d'entrer dans la polémique : "une émission de télévision est régulièrement instrumentalisée par les politiques. Cela fait même partie du jeu…"