"Je me déciderai à la fin de l'année." Sur le plateau de "Dialogues citoyens", le 14 avril dernier, François Hollande avait prévenu qu'il annoncerait, ou non, sa candidature à sa propre réélection en décembre. Mais si, officiellement, rien n'est encore arrêté, selon nos informations, tout est prêt dans la tête du président pour repartir à la conquête du pouvoir.
"Il va falloir être original". "Je n'ai pas besoin qu’on me dise, 'lâche pas François !' Il n'est pas encore écrit que la gauche fasse cinq ans maximum et c'est là mon défi !" Voilà ce que le chef de l'État martèle en privé, au cas où certains douteraient de sa détermination. Il n'ignore pourtant pas les difficultés qui vont se poser à lui. "Tous les présidents sortants, hors cohabitation, ont été battus. Voilà l’équation. Il va falloir être original." Le débat doit d'abord avoir lieu entre la gauche et son électorat, et non entre la gauche et la droite. "Il faut convaincre les gens que ce que j’ai fait depuis 2012 est de gauche", lâche-t-il devant des amis.
Méthode Coué. Après la prise de conscience, reste à arrêter une méthode pour y parvenir. Le président va essayer de vendre la loi El Khomri comme une loi de gauche parce qu'elle doit encourager l'embauche en CDI. Après la levée de bouclier suscitée par le texte au sein de sa propre majorité, la tâche s'annonce compliquée. Sans compter qu'il y a chez lui une propension à la méthode Coué. Il pense par exemple que son gouvernement est le gouvernement le plus à gauche au monde à part celui de Nicolas Maduro, héritier d'Hugo Chavez au Venezuela. Un constat osé. François Hollande, lui, en est convaincu, et compte convaincre le peuple.
Réformer le système législatif. Le président n'a donc pas seulement réfléchi à se représenter. Tout en continuant son travail au sommet de l'État, il peaufine sa stratégie et son programme. "Le projet, ça ne peut pas être le bilan prolongé", glisse François Hollande en privé. "Ça ne marche jamais." Pour 2017, le chef de l'État ne mettra donc pas l'accent sur l'économie. Il faudra parler social, fiscalité, sécurité, mais aussi refonder le système de vote des lois. François Hollande, en effet, l'a souvent dit : il est exaspéré par la lenteur législative. S'il devait rester à l'Élysée, il commencerait donc par une réforme constitutionnelle disposant que toutes les lois économiques, sociales ou ayant trait à la sécurité doivent être adoptées en 70 jours. Un rythme normal, bien plus long, serait conservé pour les lois touchant aux libertés fondamentales.
Pas de problème Macron. Enfin, si certains observateurs voient son populaire ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, troubler ses plans pour 2017 en affichant publiquement ses ambitions personnelles, ce n'est pas l'analyse que fait François Hollande de la situation. Le président ne s'inquiète pas une seconde, estimant au contraire qu'Emmanuel Macron pourrait l'aider à retrouver la confiance de la gauche. Selon lui, l'ancien banquier fait revenir des gens qui ne voudraient plus aller voter pour le chef de l'État. Pour François Hollande, il ne fait aucun doute que le ministre le soutiendra lorsqu'il sera candidat et jouera même un rôle majeur dans sa campagne. Et côté Macron, la perspective c'est : en cas de victoire, pourquoi pas Matignon. En cas de défaite, en revanche, le ministre de l'Économie pourrait essayer de se positionner comme le patron de l'opposition.