Le candidat d'extrême droite Norbert Hofer a recueilli un peu moins de la majorité des votes. 2:12
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Pour le politologue Dominique Reynié, l'extrême droite est le vrai gagnant de la présidentielle autrichienne, et elle pourrait remporter la législative. 
INTERVIEW

L'Autriche a consacré lundi la victoire du candidat écologiste à la présidentielle, mais le candidat de l'extrême droite est le véritable gagnant de l'élection, d'après le politologue Dominique Reynié. "C'est la première fois depuis 1945 en Autriche que cette situation se présente. Norbert Hofer fait, pour résumer, 50% des votes. Et c'est le candidat d'un seul parti alors que le président élu est le candidat de tous les autres partis. Le premier parti, qui atteint la moitié de l'électorat, est donc le FPÖ. Ca ne s'est jamais vu, ni en Autriche, ni en Europe", a expliqué Dominique Reynié dans le Club de la presse sur Europe 1 lundi. "On est passé d'un populisme qui s'est propagé, qui s'est enraciné, qui a gonflé à un populisme qui est en passe maintenant de prendre le pouvoir", analyse-t-il. Et Dominique Reynié estime qu'il est "très probable" que le FPÖ remporte l'élection législative d'ici 2018 et accède ainsi à la chancellerie autrichienne. 

Le vote populiste favorisé par la crise des réfugiés. La crise des migrants n'est pas étrangère au vote populiste d'après le politologue, alors que l'Autriche a vu près de 90.000 demandes d'asile déposées en 2015 : "L'affaire des réfugiés est littéralement explosive : il y a de la part des Européens un refus très net (des migrants, ndlr) qui s'exprime de toutes les façons possibles, et cela va jusqu'à pratiquement donner le pouvoir à Norbert Hofer en Autriche." "Il n'y a pas un pays en Europe où on a préparé ce changement là. Les partis populistes en ont fait leur monopole mais c'est trop tard et ce n'est pas la bonne idée", commente Dominique Reynié.

Marine Le Pen pourrait gagner la présidentielle en France. Pour le politologue, la France pourrait être le premier pays européen à élire à sa tête un candidat populiste. "A certaines conditions, Marine Le Pen peut gagner la présidentielle. Elle peut être éliminée au premier tour, mais avec un autre agencement des choses, elle peut gagner. Par exemple, si les Britanniques décident de sortir de l'UE, ou si nous avons une nouvelle crise des migrants, ou si nous avons une crise des taux d’intérêts, ça peut lui être favorable. La situation est si fragile qu'il est impossible d'exclure que les périls peuvent tout à fait faire basculer un pays", conclut-il.