Emmanuel Macron, président ou monarque républicain ? La crise politique déclenchée par l'adoption aux forceps de la réforme des retraites, emmené par le très contesté article 49.3 de la Constitution, remet en avant les pouvoirs du président de la République. Une critique qui est loin d'être nouvelle, puisque "depuis les premiers jours de 1958 [l'instauration de la Cinquième République, nldr], [...] on nous parle de monarchie présidentielle", rappelle au micro d'Europe 1 Anne-Charlène Bezzina, politologue et constitutionnaliste.
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"La Constitution est un outil"
Pour autant, "dans la crise que nous vivons, aucun des pouvoirs propres du président qui sont inscrits dans le texte de la Constitution et qui ont fait tant crier à la monarchie n'ont été utilisés". Selon la spécialiste, "le problème n'est pas tant ce que le texte accorde comme pouvoir au président de la République que dans la manière de les utiliser. N'oublions jamais que la Constitution est un outil et c'est le pouvoir politique qui va l'actionner."
"L'article 16 de la Constitution, par exemple, est une véritable dictature présidentielle prévue pour les cas les plus exceptionnels. Encore une fois, s'il est utilisé à mauvais escient, ça peut poser des problèmes. Je ne crois pas foncièrement au fait que la liste des pouvoirs distribués par la Constitution soit problématique."
In fine, selon Anne-Charlène Bezzina, la source de la crise politique viendrait donc de l'utilisation des pouvoirs qui tend à "l'installation progressive d'un régime dans lequel le président est la source de toutes les décisions".