Des parlementaires d'opposition ont enclenché mardi un "référendum d'initiative partagée" (RIP) pour tenter d'empêcher le gouvernement de privatiser les Aéroports de Paris (ADP), ce que critique Bruno Le Maire.
Les députés qui ont enclenché un "référendum d'initiative partagée" (RIP) pour tenter d'empêcher la privatisation du groupe Aéroports de Paris "font le jeu des populismes", leur a reproché jeudi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.
Une coalition de l'ensemble de ses oppositions
"Tous ceux qui se réunissent dans un attelage de circonstance pour proposer un référendum d'initiative partagée, alors que le texte n'est même pas encore voté, font le jeu des populismes et affaiblissent la démocratie représentative", a accusé le ministre à l'ouverture des débats sur le vote définitif de la loi Pacte qui comprend la mesure de privatisation. Près de 250 parlementaires, de LFI à LR, et avec le soutien du RN, ont sorti pour la première fois la carte d'un RIP - une mesure jamais utilisée depuis son inscription dans la Constitution en 2008 -, afin de tenter d'empêcher le gouvernement de "vendre la poule aux œufs d'or".
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Le projet de loi pour "la croissance et la transformation des entreprises" prévoit que l'État procède à la vente au privé de tout ou partie des actifs qu'il détient dans ADP (ex-Aéroports de Paris), soit 50,63% des parts représentant quelque 9,5 milliards d'euros. Il était jusqu'alors tenu par la loi de conserver la majorité des parts du groupe aéroportuaire. "Vous voulez passer en force" sur ADP et "vous êtes manifestement très inquiets par cette décision (d'un RIP, ndlr), ce qui prouve que nous avions raison de le faire", a réagi le député Insoumis Alexis Corbière. "Ce dont vous avez peur, c'est du peuple (…) Vous êtes dans cette affaire dans une dérive autoritaire", a-t-il enchaîné, alors que des "marcheurs" protestaient vivement.
"Vous nous menacez"
Et Bruno Le Maire de répliquer : "Ce n'est pas votre RIP qui nous fait peur, c'est vous", quand "vous vous mettez à hurler à la tribune". "Oui, vous faites peur M. Corbière et avec vous M. Mélenchon quand vous nous expliquez que (…) le travail parlementaire ne compte pas", car "vous nous menacez et je ne pense pas que la menace contre les représentants du peuple français ait droit de cité ici", a poursuivi le ministre, alors que la tension dans l'hémicycle était palpable.
Le ministre de l'Economie avait au début de son discours vanté le travail parlementaire réalisé au cours de l'examen du projet de loi Pacte, citant les 8.500 amendements déposés dont 1.275, émanant de tous les bords politiques, qui ont été adoptés. "Ce texte est la preuve que la démocratie représentative reste le meilleur modèle politique et qu'il serait dangereux de le fragiliser", avait-il lancé.