Le quinquennat de Hollande "a manqué le coche" selon Daniel Cohen

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A.D , modifié à
A moins d"un an des présidentielles, l'économiste fait un sévère bilan du quinquennat de François Hollande. Selon lui, les questions prioritaires n'ont pas été traitées.
INTERVIEW

Il avait appelé à voter Hollande en 2012. Mais le bilan politique du Président de la République ne semble pas être à la hauteur des espérances de l'économiste Daniel Cohen, invité d'Anne Sinclair, samedi. 

"Dans l'urgence". Premier ratage selon l'analyste : "un matraquage fiscal qui venait s'ajouter à celui du précédent gouvernement" pour tenir la promesse du 0% de déficit dès le début du mandat. Plus problématique, le spécialiste souligne une erreur de diagnostic des besoins et des priorités sur l'étendue du quinquennat. Aujourd'hui, "un peu dans l'urgence, on est en train de cocher plein de choses et on se rend compte que c'est trop tard."

Modèle scandinave. Exemple concret avec la question du chômage. "On a seulement parlé depuis quelques mois de la formation des chômeurs, or c'est prioritaire." Daniel Cohen plébiscite un modèle scandinave, de "flexi-sécurité" où la société fait en sorte que celui qui perd son emploi soit pris en charge avec des mesures actives. Une mesure qui est à l'inverse des allocations dégressives. "Le modèle néo-libéral anglo-saxon 'tu trouves un emploi ou tu meurs' n'est pas adapté à nos sociétés social-démocrates".

"Les choses ont changé en six mois". Alors qu'il avait pourtant publiquement soutenu François Hollande, si c'était à refaire, il "ne sai[t] pas" s'il aurait voté pour lui. Quant à l'avenir," il faudra voir l'offre politique" avance Daniel Cohen, qui rappelle que "les choses ont été radicalement changées par la séquence des six derniers mois", avant de citer le projet de loi sur la déchéance de nationalité puis la loi El Khomri.

"Beaucoup à se faire pardonner". "Les valeurs sociétales de la gauche ont été bafouées par cette tentative de passage en force sur la loi de déchéance de nationalité". Le deuxième coup dur est venu avec "la première version de la loi El Khomri" qui a cette fois bousculé "le modèle de protection de l'emploi et des classes populaires", pense l'économiste. Une accumulation qui lui fait conclure "que la gauche classique a beaucoup à se faire pardonner."