C’est une victoire idéologique pour le Front national. Le Brexit défendu par Marine le Pen s’est produit, la présidente du FN réclame désormais une consultation française et dans tous les pays européens.
La classe politique divisée. Depuis 24 heures, le débat politique tourne autour d’une seule question : faut-il rendre, ou non, la parole au peuple sur l’Europe ? Nicolas Sarkozy est pour un référendum sur un nouveau traité à rédiger d’ici la fin de l’année. Alain Juppé est contre dans l’immédiat, mais serait prêt à l’approuver après la refondation d’un projet par le couple franco-allemand. À gauche, Emmanuel Macron est favorable à l’idée de rendre la parole au peuple. De leur côté, président de la République et Premier ministre y sont opposés.
Une question devenue essentielle. Les événements ont ainsi amené chacun à s’exprimer sur un terrain qu’occupe Marine le Pen depuis quatre ans : comme présidente de la République, elle soumettrait au peuple un référendum sur la sortie de l’Union européenne. Déplacée, démagogique, voire dangereuse selon ses adversaires, cette question est aujourd’hui au cœur du débat public.
Une solution dangereuse. Mais le référendum est souvent une mauvaise réponse à un débat complexe. En 2005, le président Jacques Chirac convoque un référendum sur la constitution européenne. François Hollande, alors dans l’opposition comme premier secrétaire du PS, engage son parti pour le oui. Finalement, le non l’emporte à plus de 54%, plombant la candidature du premier secrétaire à la présidentielle de 2007. Conclusion : plus le sujet est complexe, moins les Français répondent à la question posée, et le vote se transforme en vote de confiance au pouvoir en place. C’est la raison pour laquelle le référendum est manié avec beaucoup de précaution, puisqu'il n’a été utilisé que seize fois en 60 ans.
Un référendum tous les cinq ans. Le référendum comme moyen de gouverner est également l’arme d’un pouvoir faible qui n’a pas de vision, pas d’avis et qui ne tranche pas. Ainsi, la consultation organisée le week-end dernier sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes n’a pas suffi à régler le problème. Pour autant, il ne faut pas renoncer à consulter les Français. Ils le sont d’ailleurs tous les cinq ans, pour la présidentielle, alors que chaque candidat propose un programme, y compris européen, et le soumet à l’approbation du peuple pour le mettre en œuvre.