"C'est une mécanique que l'on connaît bien." Arnault Champremier-Trigano, directeur de l'agence de communication Mediascop, a analysé lundi, dans le Grand direct de l'actu, le retour en politique de Bernard Tapie. Pour lui, il ne fait aucun doute que l'homme d'affaire ne revient que pour "s'occuper de son dossier" judiciaire.
Une raison officielle… Bernard Tapie a annoncé dimanche dans le JDD son intention de revenir en politique. Officiellement, celui qui a déjà été ministre de la Ville et député des Bouches du Rhône dans les années 1990 justifie sa décision par sa volonté de "faire quelque chose" contre la montée du Front national. "Personne ne peut contester mes succès passés face au FN, notamment aux européennes de 1994", a-t-il déclaré.
…et des motivations officieuses. Arnault Champremier-Trigano, lui, y voit d'autres motivations. "Les deux-tiers de son interview [au JDD] sont consacrés à l'affaire" de la vente d'Adidas au Crédit Lyonnais, dans laquelle Bernard Tapie vient d'être condamné, en appel, à rembourser 404 millions d'euros. "Il explique qu'il s'agit d'un complot politique, puis déclare vouloir faire la politique lui-même", poursuit Arnault Champremier-Trigano. "Dans l'esprit [de Bernard Tapie], tout ce dossier est politique. La seule façon pour lui de s'en sortir est donc de revenir en politique pour s'occuper de son dossier."
A la Berlusconi. Et Bernard Tapie n'en est pas à son coup d'essai. "En 2008, quand il attendait qu'on règle son litige, Bernard Tapie a menacé de se présenter aux élections européennes, rappelle Arnault Champremier-Trigano. Finalement, quand on lui a débloqué 400 millions d'euros, il y a renoncé." L'homme d'affaires n'est pas non plus le seul à miser sur un nouveau mandat pour reprendre la main lorsque la justice se fait trop pressante. " C'est un processus à la Berlusconi, qui est revenu trois fois aux affaires pour régler ses dossiers", estime Arnault Champremier-Trigano.
Un élément perturbateur. Reste à savoir comment Bernard Tapie compte s'y prendre. Politiquement, le personnage est difficilement lisible, ayant été proche de François Mitterrand pendant des années avant d'appeler à voter Nicolas Sarkozy. "C'est un élément perturbateur", explique Arnault Champremier-Trigano. "On ne sait pas s'il va sortir sur la droite ou sur la gauche." Son retour en politique représente donc "une menace contre tout le monde".