Dans un peu moins d'un mois, s'ouvrira l'édition 2016 du Salon de l'Agriculture, qui aura lieu du 27 février au 6 mars. Cette année, François Hollande s'apprête à inaugurer l'événement dans un contexte difficile. A tel point que le chef de l'Etat reçoit mardi, à l'Elysée, le président du syndicat agricole FNSEA, Xavier Beulin, pour déminer le terrain.
Une visite acrobatique. De fait, tous les ingrédients sont réunis pour un Salon sous tension. François Hollande s'y rendra le 27 février à l'aube, à la descente de l'avion qui l'aura ramené d'une tournée de cinq jours en Polynésie et en Amérique du Sud. Menace terroriste oblige, un dispositif policier sans précédent sera mis en place autour du chef de l'Etat, avec trois rideaux de protection en cercles concentriques.
Tracé minutieusement préparé. Les relations tendues entre le monde agricole et l'exécutif promettent de faire de cette visite une vraie épreuve. L'Elysée et le ministère de l'Agriculture veulent à tout prix éviter un incident comme le "casse-toi pauv' con" de Nicolas Sarkozy lors de l'édition 2008. L'inauguration présidentielle commencera donc par le stand le plus sensible, celui des éleveurs. Le parcours de la visite a été minutieusement préparé, les interlocuteurs bien identifiés, et cela se fera avant l'ouverture au public.
Crise agricole. Certes, l'an dernier, le président avait déjà essuyé quelques sifflets à la sortie. Mais cette fois-ci, le Salon se déroule au beau milieu d'une crise agricole qui ne semble pas trouver de sortie. Crise de l'élevage, du lait, des céréaliers, problèmes de surproduction et d'effondrement des cours... Les agriculteurs, qui avaient plutôt une bonne image de celui qui fut élu de Corrèze, apprécient beaucoup moins François Hollande depuis qu'il est à l'Elysée. Eux dont le nombre a été divisé par deux en dix ans, pour atteindre aujourd'hui les 500.000 seulement, ont le sentiment d'être oubliés, de ne pas être entendus. Ce sentiment s'est d'autant plus amplifié qu'il n'a fallu que deux jours de blocage aux taxis pour être reçus par Manuel Valls quand les agriculteurs, eux, mènent toujours des actions dans plusieurs régions de France sans avoir le sentiment d'être entendus.
Un enjeu électoral important. François Hollande s'est engagé à leur apporter des réponses, notamment concernant l'organisation d'un conseil européen consacré à la crise agricole. Pour le président, l'enjeu est important. Les agriculteurs, qui ont été 19% à voter Marine Le Pen en 2012, sont 36% à se dire prêts à le faire en 2017. Certes, les agriculteurs votent traditionnellement à droite, mais ils sont des relais d'opinion importants dans les campagnes. Derrière eux, c'est l'intégralité du monde rural qui gronde et menace de se détourner de la gauche, alors que des régions comme le Nord-Pas-de-Calais-Picardie ou la Bretagne lui sont traditionnellement acquises.