Sa position était fragilisée depuis une dizaine de jours et l'éclatement d'un scandale autour du fichage des cadres de Force Ouvrière (FO) mis au jour par Le Canard Enchaîné. Pascal Pavageau, le secrétaire général de la confédération, va quitter son poste, a appris Europe 1 mercredi.
Une direction collégiale en attendant. Pascal Pavageau a adressé une lettre aux membres du Comité confédéral national de FO pour annoncer sa décision, mercredi matin. Il n'assistera donc pas à la réunion de la commission exécutive confédérale, prévue à 9h30. En attendant qu'un appel à candidatures soit lancé pour désigner son successeur, le bureau confédéral assurera une direction collégiale de l’organisation.
Le Canard Enchaîné avait révélé la semaine dernière que des cadres du syndicat étaient fichés dans un mémo interne, affublés de qualificatifs de type "niais", "franc maçon" ou encore "trop intelligent pour entrer au bureau confédéral". Selon l'hebdomadaire, ce fichier avait été constitué par "des proches" de Pascal Pavageau en octobre 2016. Plusieurs voix s'étaient depuis fait entendre pour réclamer la démission du patron de FO. "Lorsqu'on n'est pas conforme à l'éthique qu'on s'est fixée, il faut partir", avait notamment estimé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. La ministre du Travail Muriel Pénicaud s'était elle dite "choquée et scandalisée par cette histoire de fichier indigne", sans aller jusqu'à demander le départ de Pascal Pavageau.
"J'ai résisté tant que j'ai pu". "Pour l'ensemble de ces documents et ces erreurs de fonctionnement qui ternissent l'image de notre organisation ainsi que mes actions, je vous présente sincèrement mes excuses", écrit le désormais ex-numéro un de FO dans sa lettre, dont l'AFP a obtenu une copie. "Visiblement, la cabale ne s'arrêtera pas là. Je savais qu'en acceptant le mandat de secrétaire général, tous mes actes seraient passés au crible, mais jamais à ce point", poursuit-il.
Il y adresse aussi un réquisitoire contre les "camarades", à qui il demande ironiquement d'être "fiers du mal" qu'ils lui ont "fait ainsi qu'à l'organisation, en choisissant de faire passer vos intérêts personnels, votre petit pouvoir ou votre aigreur avant tout". "J'ai résisté tant que j'ai pu, j'ai revendiqué chaque jour de ma vie, je n'ai pas su reconquérir", conclut-il dans ce courrier, qui sera son unique expression publique.