Quel est l'état des quelque 200.000 ponts français ? Un mois et demi après l'effondrement du pont Morandi à Gênes, en Italie, qui a fait 43 morts le 14 août, les sénateurs ont décidé d'enquêter sur la sécurité de ces infrastructures en France. Le Sénat a conféré mercredi à la commission de l'Aménagement du territoire les prérogatives d'une commission d'enquête, pour une durée de six mois. Comment garantir la sécurité des ponts ? Les collectivités territoriales, qui ont la charge de 80% de ces ponts, disposent-elles des capacités techniques et budgétaires pour assurer leur entretien ?... C'est à ces questions que devra répondre la mission d'information sur la sécurité des ponts.
Demande de documents au gouvernement. "Je souhaite que nous puissions évaluer la qualité de la maintenance et de l'entretien des ouvrages d'art français, qu'ils soient gérés par l'État, les collectivités territoriales ou des sociétés privées", a déclaré son président, le centriste Hervé Maurey, président de la commission de l'Aménagement du territoire. La mission aura comme rapporteurs Patrick Chaize (LR) et Michel Dagbert (PS). Les prérogatives de commission d'enquête qui lui sont conférées permettront de demander au gouvernement communication "de tout document susceptible de l'éclairer" et d'entendre "toutes les personnes qu'elle jugera nécessaire". Elle lancera en outre une consultation des élus locaux, afin de "recenser les difficultés opérationnelles qui se posent dans les territoires".
23 ponts ont besoin de travaux en priorité. Dans la foulée de la catastrophe de Gênes, le gouvernement a publié le 26 septembre un tableau des principaux ouvrages d'art du réseau routier national, annonçant que 23 ponts ont besoin de travaux en priorité, tout en se voulant rassurant sur la sécurité. La liste publiée ne concerne dans un premier temps que 164 ouvrages importants - 42 entretenus par l'État et 122 autres confiés aux sociétés autoroutières -, sur les quelque 24.000 ponts que compte le réseau national. Quant aux très nombreux ponts entretenus par les collectivités, la ministre des Transports Elisabeth Borne a dit être en contact avec elles "pour voir si elles ont bien toutes les ressources pour faire les diagnostics sur ces ouvrages".