La bataille verbale monte d'un cran en France, le président français Emmanuel Macron, dont le parti reste à la peine dans les sondages, ayant alerté d'un risque de "guerre civile" si ses adversaires l'emportaient avant un premier débat télévisé mardi soir. Cibles désignées du chef de l'Etat, le Rassemblement national et la gauche radicale (LFI) constituent un "danger" pour la France, a asséné lundi le chef de l'Etat au cours d'une nouvelle prise de parole fleuve, dans le podcast "Génération Do It Yourself".
Dans le même temps, Jordan Bardella (Rassemblement national), Gabriel Attal (majorité présidentielle) et Manuel Bompard (Nouveau Front populaire) s'affronteront ce mardi soir à seulement cinq jours du premier tour des élections législatives.
Les informations à retenir :
- Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard s'affrontent ce mardi lors d'un débat télévisé
- 200 personnalités se disent favorables à un accord de désistement face au RN
- Des fonctionnaires lancent un comparateur de programmes pour les services publics
- La justice se dit incompétente pour trancher sur l'usage du logo Nouveau Front populaire par les dissidents
Attal, Bardella et Bompard s'affrontent sur TF1 ce mardi soir
Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard vont s'affronter sur le plateau de TF1 mardi soir, alors que l'extrême droite caracole en tête des sondages à cinq jours du premier tour d'élections législatives présentées comme historiques. Le Premier ministre, le président du Rassemblement national et le coordinateur de La France insoumise ont rendez-vous à 21 heures pour ce premier grand affrontement télévisé entre les trois blocs, dans la dernière ligne droite de cette campagne éclair.
C'est a priori Jordan Bardella qui a le plus à perdre durant cette soirée en "prime time". Après son succès aux européennes, le RN domine les sondages de premier tour, à 36% des intentions de vote selon l'Ifop, et peut caresser l'ambition d'une accession au pouvoir historique. Il devance la coalition de gauche Nouveau Front populaire (29,5%) et le camp présidentiel (20,5%).
Rien, jusqu'ici, n'a semblé casser la dynamique du candidat RN au poste de Premier ministre : ni le flou de son camp sur l'éventuelle abrogation de la réforme des retraites, ni son refus affiché d'être nommé à Matignon s'il n'obtient pas de majorité absolue à l'issue du second tour le 7 juillet - un "refus d'obstacle", l'avait taclé Gabriel Attal.
200 personnalités pour un accord de désistement face au RN
Quelque 200 personnalités socialistes, écologistes et macronistes appellent mardi la droite, le centre et la gauche à "afficher clairement dès maintenant" qu'ils mettront en place un accord de désistement entre les deux tours des législatives contre le Rassemblement national.
Cet accord "devrait être affiché clairement dès maintenant, sans attendre le 30 juin (date du 1er tour, ndlr), par les responsables de toutes les forces démocratiques, qu'elles appartiennent au Nouveau Front populaire, à la majorité sortante ou à la droite républicaine", estiment dans Le Monde les signataires parmi lesquels Olivier Faure, le patron du PS, Marine Tondelier, cheffe des Écologistes, mais aussi Clément Beaune et Agnès Pannier-Runacher, ancien et actuelle ministres d'Emmanuel Macron.
"Nous mesurons combien ce choix est difficile compte tenu de l'importance des divergences" qui opposent les camps, poursuivent les signataires dans lesquels on retrouve l'ancien dirigeant de la CFDT Laurent Berger mais aucune personnalité de La France insoumise. "Le ravalement de façade opéré ces dernières années par le Rassemblement national (RN) ne doit tromper personne en effet : l'extrême droite reste ce qu'elle a toujours été, une ennemie décidée de la démocratie et un propagateur de haine", assurent-ils, mettant "en garde contre cette dangereuse illusion" qu'une fois au pouvoir l'extrême droite "ferait la preuve de son incapacité à gérer le pays".
Des fonctionnaires lancent un comparateur de programmes pour les services publics
Justice, école, santé... Le collectif de fonctionnaires Nos Services publics lance mardi un comparateur de programmes pour les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, afin de confronter les projets des principaux partis en matière de services publics. Depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin, "le débat ne se pose pas du tout sur les questions de service public, et pas du tout sur les questions de fond", regrette auprès de l'AFP Arnaud Bontemps, membre du collectif fondé en 2021 qui s'inscrit clairement dans l'opposition au Rassemblement national (RN) et à la politique du gouvernement sortant pour les 5,7 millions d'agents publics.
"On ne parle pas du tout de questions concrètes : est-ce que j'aurai un enseignant pour mon enfant? Est-ce que je pourrai choisir ma licence et mon master?", déplore-t-il. Dans son comparateur de programmes, Nos Services publics identifie une trentaine de "questions concrètes" liées aux principaux services publics, par exemple "La police et la gendarmerie pourront-elles mieux me protéger?", "Est-ce que l'hôpital public aura les moyens de fonctionner?", "Vais-je obtenir une décision de justice plus rapide?"
Le collectif analyse ensuite les réponses apportées par le camp présidentiel, le Nouveau Front populaire (NFP), le Rassemblement national (RN) et Les Républicains non ralliés au RN.
La justice incompétente pour trancher sur l'usage du logo Nouveau Front populaire par les dissidents
Les tribunaux judiciaires de Paris et de Bobigny se sont déclarés mardi incompétents pour déterminer si les candidats dissidents de La France insoumise (LFI) avaient le droit d'utiliser le logo du Nouveau Front populaire dans leur campagne pour les législatives, selon les décisions consultées mardi par l'AFP.
"Il n'appartient pas aux tribunaux de l'ordre judiciaire d'interférer dans les opérations électorales dont le contentieux relève de la compétence du Conseil constitutionnel", écrit notamment le tribunal de Bobigny. La justice avait été saisie des cas des députés sortants non réinvestis par LFI Raquel Garrido et Alexis Corbière (Seine-Saint-Denis) et Danielle Simonnet (Paris).