Encore abasourdis par le score inédit du Rassemblement national, "aux portes du pouvoir" après le premier tour des législatives, gauche et macronie appellent à des désistements au second tour, chacun s'estimant mieux placé que l'autre pour battre l'extrême droite.
Trois semaines après le séisme des européennes et de la dissolution, la vague bleu marine a de nouveau déferlé. Avec plus d'un tiers des suffrages au niveau national, le RN et ses alliés font certes moins que les 36% à 37% annoncés par les sondages des derniers jours de campagne. Mais le parti à la flamme a frappé un grand coup d'entrée, en faisant élire 39 députés dès le premier tour, à commencer par Marine Le Pen dans son fief du Pas-de-Calais. Idem pour ses lieutenants Sébastien Chenu (Nord), Julien Odoul (Yonne), Edwige Diaz (Gironde) et Laure Lavalette (Var).
Les informations à retenir :
- 39 députés RN sont élus dès le premier tour
- Le Nouveau Front populaire revendique la victoire de 32 députés dès le premier tour
- Le RN et ses alliés en tête dans plus de la moitié des triangulaires potentielles
- Bruno Le Maire appelle à voter pour le "camp social-démocrate", sans y inclure LFI
- Gabriel Attal est qualifié pour le second tour, plusieurs ministres sont en triangulaires
- La ministre Fadila Khattabi se désiste pour "faire barrage au RN"
- La Bourse de Paris ouvre sur un bond de 2,59% après le premier tour des législatives en France
Emmanuel Macron réunit ses ministres pour préciser la stratégie pour le second tour
Le président de la République, Emmanuel Macron, réunit au Palais de l'Élysée ses ministres pour préciser la stratégie du camp présidentiel pour le second tour des élections législatives. Selon la stratégie arrêtée ce dimanche, le camp présidentiel va tenter d'aller chercher une majorité avec la gauche, y compris des candidats de la France insoumise qui n'ont pas tenu des propos ouvertement antisémites ou racistes.
Certains ministres, comme Bruno Le Maire, sont contre cette stratégie et des députés commencent d'ailleurs à dire qu'ils ne se retireront pas. C'est le cas par exemple des députés Horizon, le parti d'Édouard Philippe.
La victoire du RN "ne peut laisser personne indifférent", dit Berlin
La cheffe de la diplomatie allemande a estimé lundi que la victoire du parti d'extrême droite, le Rassemblement national, au premier tour des législatives en France ne pouvait pas laisser "indifférent". "L'Allemagne et la France portent une responsabilité particulière pour notre Europe commune", a souligné Annalena Baerbock lors d'une conférence de presse avec son homologue lettonne et "personne ne peut rester indifférent (...) si chez notre tout proche partenaire et meilleur ami, un parti qui voit dans l'Europe le problème et non la solution arrive largement en tête".
La "diabolisation" de l'extrême droite ne fonctionne plus, s'est réjouie lundi la Première ministre italienne Giorgia Meloni, au lendemain du score historique du Rassemblement national au premier tour des législatives en France. "La tentative constante de diaboliser les gens qui ne votent pas à gauche (...) est un piège dans lequel tombent de moins en moins de gens", a déclaré la cheffe du parti post-fasciste Fratelli d'Italia à l'agence Adnkronos. "Nous l'avons observé en Italie, on le voit de plus en plus en Europe et dans tout l'Occident".
Une défaite historique pour Fabien Roussel et le Parti communiste dans le Nord
12 candidats du Rassemblement national et de ses alliés ont été élus dès le premier tour dans le Nord, un total qui représente plus d'un tiers des candidats du parti à la flamme ayant composté leur billet pour l'Assemblée nationale. Dans cette région, Fabien Roussel a connu une lourde défaite dans la 20e circonscription avec la victoire de Guillaume Florquin, un revirement historique puisque, depuis 1962, elle a systématique compté un député du PCF.
Le RN et ses alliés en tête dans 161 des 301 triangulaires potentielles
310 circonscriptions sont dans une situation potentielle de triangulaire - voire quandrangulaire - dont 161 où le Rassemblement national et ses alliés d'extrême droite sont arrivés en tête, ce qui devrait entraîner de nombreux désistements à gauche et dans le camp macroniste. Le résultat du scrutin se joue en grande partie d'ici à mardi 18 heures, échéance fixée aux candidats pour décider de se maintenir ou de se retirer.
Contre le RN, Le Maire appelle à voter pour le "camp social-démocrate", sans y inclure LFI
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a appelé lundi à voter au second tour des législatives pour "un candidat du camp social-démocrate" sans y inclure LFI, afin de contrer le Rassemblement national (RN), arrivé largement en tête du premier tour dimanche.
"J'appelle (...) tous nos électeurs, lorsque nos candidats ne sont pas au second tour, à voter pour un candidat du camp social-démocrate, c'est-à-dire un représentant du Parti socialiste, du Parti communiste ou des Verts", afin de priver le RN de majorité absolue, a déclaré Bruno Le Maire sur France Inter, reconnaissant la "défaite" de la majorité présidentielle. "Je combats le Rassemblement national, mais je ne vote pas pour La France insoumise", a-t-il ajouté, en raison des "positions contre la nation française" adoptées par le parti de Jean-Luc Mélenchon. Et de citer "le communautarisme", "l'antisémitisme" ou "la violence" de la formation.
À Paris, la gauche renforcée, le PS retrouve un siège
À Paris, la gauche est sortie renforcée dimanche du premier tour des élections législatives, envoyant d'entrée neuf députés à l'Assemblée nationale, dont le premier adjoint PS Emmanuel Grégoire, et arrivant en tête dans 13 des 18 circonscriptions. C'est un carton plein : sur les 18 circonscriptions de la capitale, la moitié (9) a vu les candidats du Nouveau Front Populaire élus dès le premier tour. Il s'agit sans surprise de celles situées dans l'est parisien, bastion de la gauche où LFI s'était taillée la part du lion en 2022, avec six députés sur neuf de gauche.
Tous (Aymeric Caron, Danièle Obono, Sarah Legrain, Sophia Chikirou et Rodrigo Arenas) ont été réélus, à l'exception de la dissidente Danielle Simonnet, en ballotage favorable. Les écologistes ont également reconduit trois députés dès le premier tour : Eva Sas et Sandrine Rousseau, sortantes, et Pouria Amirshahi. Enfin, le Parti socialiste, humilié en 2017 lors de la vague macroniste (un seul élu), puis en 2022 par l'accord de la Nupes (aucune circonscription gagnable), retrouve un siège grâce au premier adjoint Emmanuel Grégoire, élu face au macroniste Clément Beaune.
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Provence-Alpes-Côte d'Azur : plusieurs députés RN réélus, vers un grand chelem NFP à Marseille ?
En tête dans toutes les circonscriptions hors de Marseille, le Rassemblement national a encore progressé, faisant réélire dès le premier tour son chef de file Franck Allisio dans la 12e, autour de Marignane. Et ses quatre autres députés sortants hors de la cité phocéenne sont en très bonne position pour retrouver le palais Bourbon.
Dernier député communiste encore élu dans la région, dans la 13e circonscription, autour de l'étang de Berre, Pierre Dharréville (36,02%) est cette fois très menacé par son adversaire RN, Emmanuel Fouquart (47,53%), qu'il avait devancé de cinq points en 2022. L'ancien journaliste, élu député depuis 2017, s'était imposé avec 52,01% au second tour.
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Sur la ville d'Aix-en-Provence, les deux députés sortants de la majorité présidentielle, Mohamed Laqhila (11e) et Anne-Laurence Petel (14e), sont également en grand danger, avec deux triangulaires qu'ils vont aborder en troisième position. Arrivé en deuxième position devant Mme Pétel, le socialiste Jean-David Ciot (29,48%), devancé de deux points par le candidat RN (31,65%), pourrait retrouver un fauteuil qu'il avait occupé de 2012 à 2017.
Le Nouveau Front populaire compte 32 élus au premier tour
Le Nouveau Front populaire compte 32 candidats élus députés dimanche soir, dès le premier tour des élections législatives, contre 39 pour le Rassemblement national, selon les chiffres officiels du ministère de l'Intérieur compilés par l'AFP. Dans le détail, les Insoumis comptent 20 députés, les socialistes cinq, les Ecologistes cinq également, et les communistes deux.
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Attal qualifié, plusieurs ministres en triangulaires
Le Premier ministre Gabriel Attal est arrivé dimanche en tête du premier tour des législatives dans les Hauts-de-Seine, dans l'ouest de Paris, comme plusieurs de ses ministres, dont beaucoup participeront à des triangulaires. Deux ministres et députées sortantes - Sabrina Agresti-Roubache et Marie Guévenoux - ont annoncé se désister après être arrivées troisième dans leurs circonscriptions, respectivement à Marseille et dans l'Essonne, appelant clairement à voter contre le RN. L'ancien ministre Clément Beaune a lui été éliminé dès le premier tour face au candidat NFP Emmanuel Grégoire, adjoint à la mairie de Paris.
Gabriel Attal, qui mène la campagne pour la majorité sortante et a souhaité que "pas une voix" n'aille au RN au second tour, a récolté 43,85% des voix dans les Hauts-de-Seine, devançant de près de huit points la candidate du NFP Cécile Soubelet (35,53%). Élisabeth Borne s'est, elle aussi, qualifiée dans la 6e circonscription du Calvados, avec 28,93% des voix, mais derrière le candidat RN Nicolas Carbrix (36,26%). Le candidat NFP Noé Gauchard (23,16%) en mesure de se maintenir a annoncé qu'il se désistait.
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La présidente sortante de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet est arrivée en tête avec 42,90% des voix dans la 5e circonscription des Yvelines, devant le candidat du NFP Yassine Benyettou (27,32%). Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, arrivé en tête dans la 10e circonscription du Nord devant le RN avec 36,03% des voix, a souligné que son adversaire avait "obtenu un score élevé" (34,31%) et appelé "tous les électeurs à se mobiliser pour voter au second tour". La candidate anti-spéciste Leslie Mortreux est également qualifiée (24,83%).
La ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des personnes handicapées, Fadila Khattabi, en ballotage défavorable en Côte-d'Or, a annoncé lundi son désistement, estimant qu'il était "hors de question" que sa circonscription "tombe entre les mains" du RN. Issue du PS, l'ancienne présidente Renaissance de la commission des Affaires sociales à l'Assemblée nationale est arrivée troisième au premier tour des élections législatives dimanche, avec 23,81% des voix, dans la 3e circonscription de la Côte-d'Or.
La Bourse de Paris ouvre sur un bond de 2,59% après le premier tour des législatives en France
La Bourse de Paris a bondi de 2,59% à l'ouverture lundi, la victoire légèrement en dessous des derniers sondages du Rassemblement national au premier tour des législatives en France, réduisant aux yeux des investisseurs les chances d'une majorité absolue de l'extrême droite à l'Assemblée nationale.
Sur le marché obligataire, l'écart entre le taux d'intérêt de l'emprunt de la France à dix ans (3,25%) et celui de l'Allemagne (2,54%), un indicateur de la confiance des investisseurs dans un pays, se réduit après avoir touché un pic depuis 2012 la semaine précédente. Les banques françaises bondissaient de plus de 5%.