Législatives 2024 : Gabriel Attal appelle à donner au camp présidentiel «une majorité absolue» à l'Assemblée

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avec AFP / Crédits photo : Alain JOCARD / AFP
"Le 9 janvier, le président de la République m'a nommé. Le 30 juin (date du premier tour des législatives, ndlr), j'aimerais que les Français me choisissent", a affirmé le Premier ministre Gabriel Attal devant la presse jeudi. Le chef du gouvernement a appelé à donner à son camp "une majorité absolue" à l'Assemblée.

Gabriel Attal s'émancipe d'Emmanuel Macron, qui l'a nommé il y a cinq mois à Matignon mais lui a coupé les ailes avec la dissolution, en appelant les Français à le "choisir" comme Premier ministre aux élections législatives. "Le 9 janvier, le président de la République m'a nommé. Le 30 juin (date du premier tour, ndlr), j'aimerais que les Français me choisissent", a affirmé le Premier ministre devant la presse jeudi, alors qu'il était interrogé sur la nécessité ou pas de faire campagne avec le président de la République, compte tenu de l'animosité que ce dernier suscite parmi les électeurs.

"C'est la première fois depuis plus de 25 ans que les Français vont choisir un Premier ministre. Evidemment qu'il y aura un avant et un après (...) dans la pratique du pouvoir, dans l'équilibre des institutions", a appuyé Gabriel Attal, dans une allusion à la gouvernance présidentielle jugée très "verticale", ainsi qu'à la dissolution qui a suscité des remous dans le camp présidentiel.

 

 

 

Une victoire du RN "débriderait les haines", selon Attal

Gabriel Attal a jugé jeudi qu'une "victoire de l'extrême droite" aux élections législatives "débriderait les haines", énumérant une liste "longue" de candidats du Rassemblement national controversés "dont le vernis craque vite derrière les discours policés". "Le jour d'après, ce seraient les violences qu'ils attisent qui s'exprimeraient à visage découvert. Ce seraient les haines qu'ils défendent qui se débrideraient", a déclaré le Premier ministre

 

"Je serai avec vous jusqu'au bout de cette campagne", promet Attal aux députés macronistes sortants

Le jeune Premier ministre s'est déjà distancé de son mentor en prenant les rênes de la campagne, en lieu et place du président de la République, dont les propos font régulièrement polémique. Officiellement sous la pression des députés du parti Renaissance, qui lui ont encore demandé mercredi de venir les soutenir dans leurs circonscriptions. Le visage du Premier ministre est désormais imprimé partout sur les documents de campagne tant celui du président suscite le rejet, aux dires des élus.

"La page de Macron et du macronisme, elle est tournée. Elle est tournée parce que les électeurs le disent", témoigne un député sortant reparti en campagne. L'incompréhension est telle sur la dissolution que, si la majorité actuelle était reconduite, "ce serait presque une forme de cohabitation, tellement les députés vont revenir mécontents", estime le même élu. "Vous n'êtes pas seuls et je serai avec vous jusqu'au bout de cette campagne", a promis Gabriel Attal à ses candidats réunis au siège de Renaissance mercredi. "Les Français ont besoin de nous pour tenir le gouvernail et c'est pour ça qu'on doit tenir".

Et comme si ses troupes devaient s'armer de patience, Gabriel Attal répète que les législatives sont un vote "pour le Premier ministre" et qu'Emmanuel Macron sera encore président jusqu'en 2027, quel que soit le résultat du scrutin.

 

 

 

Attal enjoint aux responsables politiques de "mettre des digues" face à l'antisémitisme

Gabriel Attal a enjoint jeudi aux responsables politiques de "mettre des digues" face à la montée de l'antisémitisme et de "refuser de (le) banaliser", visant Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise.

"Les responsables politiques et partis politiques ont une responsabilité pour mettre des digues, pour empêcher qu'un certain nombre de discours se banalisent", a affirmé le Premier ministre, qui mène la campagne du camp présidentiel aux élections législatives. "Parce qu'un discours qui se banalise, une haine qui se banalise, ça peut conduire certains, y compris des jeunes, au pire", a-t-il ajouté.

 

Attal appelle à donner à son camp "une majorité absolue" à l'Assemblée

La dissolution n'a pas été une bonne nouvelle non plus pour le Premier ministre qui, s'il n'est pas reconduit à son poste, n'aura même pas eu le temps de planter un arbre à Matignon, comme il est de tradition de le faire au bout de six mois. "Pour l'égo c'est toujours un peu compliqué" alors que le jeune homme de 35 ans "a de l'ambition", estime un député de la majorité. Malgré son désaccord avec la décision du président, Gabriel Attal s'est lancé pleinement dans la campagne, misant sur le jour d'après pour devenir éventuellement le candidat naturel de son camp en 2027.

En décembre, Emmanuel Macron avait salué chez son jeune ministre, chargé alors de l'Education, un responsable politique susceptible de "continuer le combat". Au Mont-Valérien mercredi, le potentiel successeur est passé du rang d'héritier à "petit frère". Emmanuel Macron "a repris le terme d'un enfant. Vous savez, moi je suis Premier ministre. J'aspire à pouvoir continuer à diriger l'action du gouvernement", a balayé Gabriel Attal, montrant que le Président devra compter sur lui pour la suite.

A condition toutefois de faire le plein d'un vote utile dès le premier tour, alors que la majorité est menacée par deux favoris, l'extrême droite d'une part et la gauche réunie dans le Nouveau Front populaire d'autre part. Sur le marché d'Alençon dans l'Orne jeudi, dans la foulée de sa conférence de presse et avant une énième intervention média sur BFMTV, il a appelé à donner à son camp "une majorité absolue" à l'Assemblée le 7 juillet, pour éviter la paralysie d'une majorité relative.