Si de nombreux candidats rêvent de devenir députés, certains sortants ont décidé de ne pas se présenter à nouveau aux prochaines législatives. Déçus de ne pas avoir pu mener les actions qu'ils souhaitaient entreprendre, quelques députés ont simplement décidé de renoncer. Ils sont environ 20% à jeter l’éponge. "Le mandat de député, tel que je pense que les citoyens l'envisagent, ne correspond pas du tout à la réalité, même s'il y a un certain nombre de modalités de ce mandat qui sont très intéressantes et passionnantes", explique Frédérique Dumas, députée EELV. "En revanche, ça ne date pas que de ce mandat, mais le député ne fait pas la loi, c'est le gouvernement."
"Un décor de démocratie"
Élue députée des Hauts-de-Seine il y a cinq ans sous l'étiquette En marche, elle fut l'une des premières à démissionner du groupe parlementaire de la majorité en septembre 2018 : "Contrairement aux États-Unis, au Canada, ou à l'Angleterre, nous, quand on fait un débat en France, dans l'hémicycle, il n'y a que le mot, mais pas la substance", assure-t-elle. "On l'a vu à plusieurs reprises, le président de la République prend des décisions, les annonce au JT de 20 heures, et nous avons un débat après." Selon elle, les députés ont donc "le décor de la démocratie, les habits, mais il n'y a pas réellement de substance".
De quoi décourager l'édile : "J'ai passé cinq ans dans beaucoup de conflictualité et une forme d'impuissance. Je ne souhaitais pas recommencer pour ne pas cautionner tout un système qui est effectivement avant tout un décor de théâtre et qui n'est pas aussi efficient qu'on peut l'imaginer."
Ce sentiment d'impuissance n'est pas sans fondement, selon Jean-Louis Touraine. Après trois mandats, le député LREM du Rhône a, lui aussi, choisi de ne pas se représenter : "J'ai toujours considéré que la fonction d'un député n'était pas un métier. C'est une mission qu'on exerce transitoirement, mais ce n'est pas un métier qu'on doit exercer toute sa vie." Une promesse de longue date à lui-même de "faire un maximum de trois mandats, ce qui est le cas maintenant".
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"Le député n'est pas au cœur de l'action"
Avec le recul, pendant 15 ans, Jean-Louis Touraine n'a pas vu souvent l'Assemblée nationale être à l'initiative de beaucoup d'avancées : "Il y a beaucoup de propositions de loi qui ont été soumises par l'ensemble des députés. Par exemple, dans ces cinq dernières années, très peu ont été discutées dans l'hémicycle", dit-il à Europe 1.
"On voit bien qu'il y a là quelque chose qui fait que le député n'est pas au cœur de l'action, mais plutôt en complément de l'action de l'exécutif. Ça, c'est une singularité française puisque dans des pays comme l'Allemagne ou la Grande-Bretagne, les rôles respectifs de l'exécutif et du Parlement sont quelque peu différents", déclare-t-il encore. "C'est un lieu où on peut apprendre beaucoup, où on voit beaucoup de choses, où c'est très intéressant, mais on ne peut pas considérer qu'on est les premiers des acteurs de l'évolution de la vie politique et de notre pays", conclut celui qui est également professeur de médecine.