L’élection chamboule-tout, épisode 2. "Chamboule-tout", l’expression est du président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, pour qualifier la victoire d’Emmanuel Macron, lors de son discours d’investiture. Cette formule désuète est celle d’un homme politique qui côtoie le pouvoir depuis 1978, déboussolé par ce vent de renouveau qui souffle sur la politique. La raison, on la connaît : le discrédit de la classe politique à cause des affaires, des échecs successifs et de la déconnexion vis-à-vis des électeurs.
Une lame de fond. Cette vague du renouveau vient de loin et laisse échoués sur la plage quelques illustres noyés : François Hollande, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé... Effrayés, acculés par le non-cumul des mandats, certains se replient sur leur mairie, mais quelques-uns tout de même s’accrochent, à l’image du socialiste Gérard Bapt à l’assaut de son neuvième mandat, en décalage total avec une aspiration au renouvellement dont on ne mesure pas l’ampleur et qui est sans précédent sous la Cinquième République. La nouvelle législature pourrait être composée pour moitié de nouveaux visages.
Les électeurs veulent reprendre la main. Votez pour un visage que vous connaissez, celui de votre député ! Si le monde change, si le chômage augmente, si les affaires s’accumulent, seul le visage de votre député ne change pas. Mais les électeurs ont brutalement changé de paradigme. Du désenchantement, ils sont passés au dégoût puis aujourd’hui à une volonté de reprise en main du pouvoir par les citoyens. Ce mouvement est si radical qu’il est devenu l’argument central de la campagne, et touche jusqu’aux Républicains qui ce week-end, réunis au Parc Floral de Vincennes, ont donné la parole à des inconnus candidats pour la première fois.
Ceux qui se présentaient il y a peu encore comme les nouveaux visages de la politique sont aujourd’hui ringardisés par la vague du renouveau : Nathalie Kosciusko-Morizet, Najat Vallaud-Belkacem ou Cécile Duflot, toutes candidates, et toutes menacées. Ces jeunes femmes identifiées à la relève d’un monde ancien risquent d’être emportées avec lui à l’occasion de ces législatives.