Marine Le Pen, présidente du Front national, comme Florian Philippot ou Louis Aliot, ont rabroué mardi Robert Ménard qui "n'appartient pas au FN", après des critiques du maire de Béziers à l'égard de "la ligne Philippot", responsable selon lui des résultats décevants du parti.
"Responsable de l'échec". "La ligne Philippot a-t-elle une part de responsabilité dans l'échec du FN ?", demande-t-on à l'ancien patron de Reporters sans Frontières ? "Elle est responsable de l'échec à la présidentielle et du résultat de dimanche", cingle-t-il dans un entretien au Figaro mardi. "Quand on tient des propos économiques sans queue ni tête, que l'on se place aussi loin des préoccupations du monde de l'entreprise et des salariés, artisans et commerçants, on paye évidemment le prix de ses mauvaises analyses", poursuit-il. "Il faudra trancher définitivement le débat sur la sortie de l'euro et la ligne économique. Pour tourner la page", ajoute Robert Ménard. Pour le maire de Béziers, "on ne peut pas gagner sans alliances (...). Il faut construire un grand parti conservateur", plaide-t-il encore.
La réponse de Marine Le Pen. Lors d'une conférence de presse à Soissons, dans l'Aisne, en soutien aux candidats FN, Marine Le Pen a fermement répondu : "Robert Ménard n'appartient pas au FN, il devrait s'occuper de son mouvement 'Oz ta droite' (ndlr : lancé de manière éphémère au printemps 2016 pour promouvoir 'l'union des droites') et laisser les dirigeants du FN s'occuper du FN." Le chantier de la refondation du FN "s'ouvrira après les élections législatives", a-t-elle redit.
"M. Ménard n'est pas au Front national, premièrement", avait déjà réagi le numéro deux du FN, Florian Philippot, sur France 2. "Le FN a explosé ses scores de manière historique, comme jamais. Alors ceux qui veulent qu'on revienne 20 ans ou 25 ans en arrière, qu'on se concentre sur une ou deux questions, c'est très bien, on retournera aux scores d'il y a 20 ou 25 ans", a-t-il ajouté. Le FN a recueilli 13,2% des voix dimanche au premier tour des législatives, contre 14,95% en 1997, il y a 20 ans.
Une problématique à "retravailler". Louis Aliot, vice-président du FN, avait lui jugé lundi soir sur TF1 que le premier tour des législatives était un "échec du FN". "Tout a joué, mais c'est vrai que la problématique de l'Europe et de l'euro, il faudra retravailler pour l'avenir", avait-il estimé, mettant aussi en cause la démobilisation de l'électorat frontiste. "Certains de mes camarades se sont prononcés sur des choses pour lesquelles ils auraient mieux fait de se taire, car nous sommes en élections législatives", avait regretté aussi celui qui aura un second tour difficile dans la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales. "Je ne suis pas dans une logique de combat interne ou de division mais de rassemblement de travail sur ces questions difficiles. Ménard, en pleines législatives, se permet des critiques inutiles", a également dit Louis Aliot.
Marine Le Pen "indispensable". Dans son entretien au Figaro, Robert Ménard estime par ailleurs Marine Le Pen "indispensable" car elle "évite l'éclatement" du FN. Son épouse, Emmanuelle Ménard, est candidate FN dans la 8e circonscription de l'Hérault. Interrogé sur l'opposition qu'incarneraient les deux femmes si elles se retrouvaient sur les bancs de l'Assemblée, M. Ménard dit au Figaro que "si elles n'étaient que deux, sans groupe, ce serait l'apocalypse". "Mais je sais leur capacité à toucher les gens. Elles sont fortes. Elles savent se faire entendre", glisse-t-il.