Chaque année, le rendez-vous est au moins aussi politique qu'économique. Cette fois, à trois mois de la première primaire (à droite) et neuf de l'élection présidentielle, les universités d'été du Medef promettent d'être marquées par l'actualité électorale. Sur les 5.000 participants prévus à Jouy-en-Josas, sur le campus yvelinois de l'école de commerce HEC, au moins quatre viendront ouvertement faire campagne. Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon et Bruno Le Maire ont en effet été invités à participer, sur deux jours, au grand raout de l'organisation patronale.
Interpeller les candidats. "Nous venons écouter ces candidats qui vont nous expliquer leur vision, ce qu'ils vont faire pour les entreprises et comment ils [comptent] retrouver forte croissance et plein emploi", a expliqué Pierre Gattaz, le président du Medef, mardi sur Europe 1. "On est à neuf mois d'une échéance présidentielle majeure. Il faut absolument que l'économie soit au centre des débats. C'est fondamental". Tout l'enjeu pour le patronat est là : s'assurer que les candidats à la candidature entendent ses revendications, notamment en termes de baisse des cotisations patronales, véritable cheval de bataille du Medef, et de simplification. Trois "plénières politiques" sont ainsi organisées avec, à chaque fois, trois entrepreneurs qui "interpellent" les personnalités politiques présentes.
Des programmes "pragmatiques". François Fillon sera le premier à se plier à l'exercice, mardi soir. Jean Lassalle, député centriste candidat à la présidentielle, sera également avec lui. Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire, eux, se retrouveront à la même plénière mercredi matin, tandis qu'Alain Juppé fermera le bal, mercredi soir. Tous espèrent recueillir soutiens et suffrages. Car si Pierre Gattaz se défend d'être "ni de droite ni de gauche", il est bien difficile pour le patron des patrons de cacher sa proximité avec Les Républicains. "Ils ont des programmes pragmatiques", a-t-il reconnu. "Ce sont des choses que nous demandons depuis des années pour faire fonctionner la machine économique française. Les Républicains osent enfin parler de la fin de l'ISF, de la fin des 35 heures."
Faire la différence. Reste aux candidats à réussir à se différencier les uns des autres. Ce qui n'est pas chose aisée, quand leurs propositions économiques sont toutes marquées du sceau du libéralisme. "Cela converge", admet d'ailleurs Pierre Gattaz. Pour Nicolas Sarkozy, l'enjeu sera aussi de faire oublier les déceptions liées à son quinquennat, pendant lequel il a renoncé, par exemple, à revenir sur les 35 heures. L'ancien chef de l'État sera d'ailleurs interpellé par Sophie de Menthon, entrepreneure qui fut l'un de ses soutiens avant de se dire déçue de son action, et qu'il a déjà rencontrée, en même temps que d'autres patrons, l'année dernière, pour renouer des liens distendus.
Peu de monde à gauche. À gauche en revanche, peu de personnalités de poids ont prévu de faire le déplacement à Jouy-en-Josas. Marie-Noëlle Lienemann est la seule candidate à la primaire à participer. Emmanuel Macron doit normalement prononcer un discours en temps que ministre de l'Économie mercredi, mais pourrait bien ne plus occuper cette fonction d'ici là. Pierre Gattaz explique ce déséquilibre par la proximité de l'échéance électorale à droite. "En janvier ou février, il n'est pas impossible qu'on invite madame Le Pen ou monsieur Mélenchon à nous expliquer leur programme et à débattre", a-t-il expliqué.