Pourtant alliés de la majorité présidentielle, certains élus centristes du MoDem continuent de faire grincer des dents chez les macronistes. Leur chef de groupe, Jean-Paul Mattei, s'est notamment penché sur la fiscalité des grandes entreprises, mais sa proposition, adoptée en commission, a ensuite été écartée par le gouvernement.
Avec leurs propositions de "justice fiscale" plébiscitées à gauche, mais écartées par le gouvernement, les députés du MoDem cultivent leur singularité pendant l'examen du budget, quitte à crisper leurs alliés macronistes. À l'Assemblée, la gauche n'a notamment plus de mots assez doux pour le chef du groupe MoDem Jean-Paul Mattei. "C'est un notaire révolutionnaire !", a lancé le communiste Sébastien Jumel dans l'hémicycle. "C'est l'InsouMattei", dit de lui l'élu LFI Hadrien Clouet.
La fiscalité des grandes entreprises en ligne de mire
Car comme l'an dernier, Jean-Paul Mattei s'est penché sur la fiscalité des plus grandes entreprises. Après avoir plaidé en vain pour taxer les "superdividendes", il a suggéré cette année une taxe sur les rachats de leurs propres actions par les grandes firmes. Une disposition adoptée en commission, mais écartée par le gouvernement quand il a déclenché son premier 49.3 sur le projet de budget 2024 .
"Ce n'est pas une lubie du président Mattei la justice fiscale. C'est un sujet nécessaire dans la période actuelle. Un peu de souplesse par rapport aux totems tout en respectant la trajectoire globale ne fait pas de mal", défend la députée Maud Gatel, secrétaire générale du parti.
Même bras de fer sur le logement et la "niche fiscale Airbnb". Le député de la 2ᵉ circonscription des Pyrénées-Atlantiques n'a pas mâché ses mots après les arbitrages gouvernementaux sur la réduction de l'abattement fiscal des locations de meublés touristiques. La mesure "semble insuffisante et mal ciblée", a-t-il taclé. "Nous espérons que cet article évoluera au cours de la navette parlementaire".
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Rupture avec la Macronie ?
Chez Renaissance, on s'agace régulièrement de la "volonté d'exister" du MoDem et de son patron François Bayrou . Il n'est "pas dans une phase ascendante" mais "les Modem, ils sont durs, ils veulent tout. Mattei, il tend la corde sur le budget", peste un parlementaire macroniste.
Sur le projet de loi immigration , attendu en décembre à l'Assemblée, six députés centristes ont aussi signé, avec la gauche, la tribune initiée par le député Renaissance pour défendre l'article sur la régularisation des travailleurs sans papiers, dont la droite ne veut pas entendre parler.
"Je n'ai pas le sentiment de mettre la majorité en difficulté, c'est juste une manière de rappeler quelle était la promesse initiale", assume Elodie Jacquier-Laforge, une des signataires centristes.
Dans l'hémicycle, une relation tourmentée
À l'Assemblée nationale, le MoDem a également eu droit aux applaudissements nourris de la gauche lors du débat sur la situation au Proche-Orient . Après avoir fustigé "l'agression terroriste" du Hamas, "constitutive d'un crime de guerre généralisé et adossée à un discours à caractère génocidaire assumé", le doyen du groupe centriste, Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères, s'est interrogé sur la genèse de la situation au Proche-Orient.
Il a notamment pointé du doigt la "rupture introduite" par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui a "agi comme si le problème palestinien appartenait au passé", mais aussi "la part de responsabilité historique" des États-Unis, particulièrement sous Donald Trump.
Certains élus Renaissance n'ont pas applaudi, pendant que le député Horizons Jérémie Patrier-Leitus dénonçait une intervention "scandaleuse" et que l'élu LR Meyer Habib, proche de Benjamin Netanyahu, s'indignait d'un "discours munichois". Reprenant la parole, Jean-Louis Bourlanges a revendiqué ses propos "équilibrés" : ceux d'un "centriste dans tous ses états".