La garde à vue de Nicolas Sarkozy dans l'affaire du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 embarrasse la droite. "Dans un Etat de droit, il y a un principe fondamental qui est celui de la présomption d'innocence", a tenu a rappelé au micro de BFMTV Alain Juppé, le maire de Bordeaux et ancien rival de Nicolas Sarkozy à la primaire de la droite. "Pour le reste, ce qui est de mes relations personnelles avec Nicolas Sarkozy, elles ont eu des hauts et des bas, nous avons eu des moments de convergence et d'affrontement, mais j'ai toujours eu pour lui des sentiments d'amitié et d'admiration pour sa formidable énergie et sa capacité d'initiative. Je lui souhaite donc bon courage dans un moment qui est forcément difficile", a ajouté l'ancien ministre des Affaires étrangères.
Mais dans les couloirs de l’Assemblée nationale, les députés Les Républicains, moins laconiques que l'édile bordelais, avouent qu'il se seraient bien passés de ce nouveau rebondissement judiciaire.
Laisser la justice faire son travail. Bien sûr, Nicolas Sarkozy a toujours ses fidèles soldats. "En cet instant, je pense à lui", souffle le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, rejoint par Sébastien Huyghe, son confère du Nord, qui dénonce "un acharnement" contre l'ancien chef de l'Etat. Mais cette victimisation, Philippe Gosselin, le député de la Manche, en a un peu ras le bol : "Arrêtons de parler de boîte noire, de cabinet secret, d’acharnement", s'agace-t-il. "Moi, j'ai confiance en la justice de mon pays".
Deux manières de juger. "Combien de temps allons-nous encore traîner ce boulet ?", ose un député, très agacé. Hors micro, un autre souligne le deux poids deux mesures : "Réclamer la démission de Gérald Darmanin, puis brandir la présomption d’innocence pour Nicolas Sarkozy, ça ne colle pas". Et Damien Abad, élu de l'Ain, semble le reconnaître : "Quelles que soit les personnes mises en cause, nous devons tenir un principe simple, qui est celui de la présomption d'innocence, en tout lieux, en toute circonstance et quels que soient les personnes mises en cause." Devoir parler de l’ancien président au lieu de taper contre l'actuel et le gouvernement, voilà de quoi agacer de nombreux députés, et ce n’est sans doute pas terminé.