Alain Juppé a demandé vendredi à Lille à Nicolas Sarkozy de "reconnaître les erreurs" de son quinquennat et à François Fillon "d'éviter la surenchère", lors de son dernier meeting de campagne dans la primaire de la droite, dont le premier tour se tient dimanche. "Oui, la France a besoin de réformes profondes, je dirais même de réponses radicales, au sens classique du terme. Je suis décidé à les faire. Mais attention à la surenchère, (...) je le dis en toute amitié à François Fillon" qui a récemment rattrapé le duo de tête Juppé-Sarkozy dans les sondages, "on ne supprimera pas 500 à 600.000 emplois de fonctionnaires dans les 5 ans qui viennent" a dit le maire de Bordeaux.
Appel à Bertrand. Et de poursuivre: "Je le dis à Nicolas Sarkozy, il faut reconnaître ses erreurs. Je suis solidaire de ce qui a été fait entre 2007 et 2012, j'ai été ministre. Nous avons eu tort de supprimer dix mille postes dans les forces de l'ordre, la double peine (...)", a-t-il énuméré.
Déroulant thème par thème son programme en 45 minutes en commençant par "saluer amicalement" l'absent Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France et dernier grand ténor de droite à ne pas avoir rallié un camp dans cette primaire, Alain Juppé s'est dit "heureux de terminer en beauté (sa) campagne à Lille", rappelant qu'il s'agit de la ville natale du général de Gaulle.
"Je vois se dessiner devant moi peut-être deux France. Il y a une France peut-être entreprenante, conquérante, confiante dans l'avenir (...) et une autre France, qui se sent oubliée, abandonnée, qui est parfois au chômage. Alors ces deux France, on les dresse les unes contre les autres? C'est le contraire! Il faut réconcilier ces deux France, rassembler les Françaises et les Français", a dit Alain Juppé, s'exprimant devant environ 1.500 supporters agitant des drapeaux et utilisant des cornes de brume.
"Mouillons la chemise". Alors que le Front national avec Marine Le Pen est le seul parti d'opposition au sein du conseil régional détenu par la droite, Alain Juppé a souligné sa "filiation gaulliste" et dépeint une France "malade de la montée du populisme et de l'extrémisme". "Je ne sous-estime pas la colère des Français et la souffrance des Français", a-t-il dit, mais le populisme, "c'est le mensonge au peuple pour le tromper avant l'élection, pour faire après le contraire de ce qu'on avait annoncé".
"Au boulot ! mouillons la chemise, il faut convaincre d'aller voter massivement", a-t-il lancé à ses partisans, rappelant les modalités du vote à 48 heures du premier tour de cette primaire. "Et allez, c'est comme ça qu'on gagne !".