Les "fan zones" agitent la sphère politique

© DOMINIQUE FAGET / AFP
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Après les incidents survenus samedi soir au stade de France, la sécurité des espaces réservés aux supporters pour l’Euro 2016 est au cœur du débat politique. 

La finale de la Coupe de France, samedi soir au stade de France, avait valeur de test en matière de sécurité. Et, c’est le moins qu’on puisse dire, il n’a pas été concluant. Du coup, à moins de trois semaines de l’Euro, le débat resurgit, et se focalise sur les fan zones. La sphère politique s’inquiète désormais ouvertement de la sécurité de ces espaces dédiés, en plein cœur des villes, aux supporters, alors que la menace terroriste reste très élevée. Le gouvernement, lui, maintient son message de fermeté.

Sarkozy mène la fronde. La plupart des attaques contre les fan zones proviennent de l’opposition, Nicolas Sarkozy en tête. "Est-ce qu’il est raisonnable, alors que le pays est en état d’urgence, de prévoir l’organisation de fan zone à Paris ?", s’est interrogé le président des Républicains dimanche soir sur TF1. "Est-ce que nos forces de l’ordre n’auront pas d’autres choses  à faire, d’autres responsabilités que de garder une fan zone de 100.000 personnes à Paris ? Je suis donc très hésitant sur l’opportunité d’avoir des fan zones. Je trouve que c’est un risque".

Ses lieutenants ou ses fidèles ont rapidement embrayé. Parfois avec moins de réserve, comme David Douillet. "Je lance un appel à la conscience. C'est complètement irresponsable de rassembler des centaines de milliers de personnes pendant un mois, chaque soir", a lancé le député des Yvelines lundi sur Europe 1. C'est complètement absurde! C'est trop dangereux ! 100.000 personnes sous la Tour Eiffel, qui est un objectif de Daech... C'est leur apporter sur un plateau quelque chose qui pourrait être abominable pour nous", a conclu l’ancien judoka.

D’autres, comme Alain Joyandet, sénateur LR de la Haute-Saône, ont choisi Twitter pour s’exprimer :

Lagarde ne veut pas de fan zone dans sa ville. Même son de cloche chez le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, maire de Drancy. "On nous a demandé si on voulait organiser des fan-zones (à Drancy, ndlr), et j'ai décidé de ne pas en organiser", a affirmé le député de Seine-Saint-Denis lundi matin sur Europe 1. "Au moment où on a tant de risques, d'abord autour des stades, on ne peut pas mobiliser les forces de l'ordre pour les fan-zones. C'est dommage, cela gâche un peu la fête, mais ce qui la gâcherait plus, ce serait un attentat"

"Carton rouge" à Nicolas Sarkozy. Les fan zones out tout de même leurs défenseurs. Au sein du gouvernement, d’abord. Depuis Israël, où il est actuellement en visite, Manuel Valls a répété que ni l’Euro, ni les fan zones, ne seraient annulés. "Les fan-zones vont être contrôlées, protégées par des services de sécurité publics et privés. (...) Sauf événement, sauf menace particulière, ces fan-zones sont maintenues", a affirmé le Premier ministre dans une interview sur BFMTV et la chaîne d'information israélienne i24 News. "Nous avons besoin de vivre, sinon c'est la peur, et la peur c'est le repli sur soi, c'est une victoire des terroristes".

Le secrétaire d’Etat aux Sports, Thierry Braillard, lui, s’en est pris à Nicolas Sarkozy sur Twitter, lui adressant un "carton rouge". Son argument : il est plus facile de contrôler la sécurité d’une foule compacte que de rassemblements disséminés dans toute la ville :

Lundi matin sur Europe 1, Pierre-Henry Brandet, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, a confirmé que les fan zones allaient être maintenues. "Ce sont des espaces clos où justement, on opèrera un filtrage. Ce sera la responsabilité de l’organisateur de le faire avec des sociétés de sécurité privées, mais il y aura alentour bien évidemment policiers et gendarmes. On peut filtrer les entrées et les sorties et on peut sécuriser un espace qui puisse permettre en toute sérénité de venir voir les rencontres et d’assister à un certain nombre d’animations", a-t-il argumenté. "Donc les fan zones seront des lieux sécurisées. Et ce sont surtout des espaces modulables qui, en fonction des risques, des événements, pourront être reconfigurés. C’est un des atouts des fan zones. " 

Pas de front chez Les Républicains. Certaines personnalités des Républicains sont sur la même ligne. "Il vaut mieux une fan zone et la sécuriser plutôt que de laisser des fan zones sauvages non-sécurisées", a déclaré Valérie Pécresse, président de la région Ile-de-France, sur BFMTV dimanche.

De son côté, Christian Estrosi fait comme si la polémique n’existait pas et vante son dispostif. Sur son compte Twitter, le maire de Nice fait la promotion de sa fan zone, qui sera la seule à disposer de portiques de sécurité.

Juppé : "Pas question de se laisser impressionner". Et, comme souvent, le plus en rupture avec Nicolas Sarkozy à droite est Alain Juppé. Le maire de Bordeaux, par ailleurs président du club des villes hôtes, est lui aussi pour le maintien des fan zones. "J'ai bien conscience que ces grandes concentrations peuvent faire monter le niveau de menace, mais à la fois par la vidéo-protection, les détecteurs de métaux, le dépôt des bagages dans les consignes, la palpation systématique des visiteurs, je pense que nous avons déployé un système de sécurité maximum", a détaillé le candidat à la primaire Les Républicains à Europe 1. "Il n'est pas question de se laisser impressionner ou terroriser. Nous allons faire en sorte que cet événement réussisse", a-t-il conclu.