C'est la visite qui fâche sur l'île de Sein, 250 habitants dans le Finistère : Marine Le Pen a prévu d'y commémorer jeudi le 80ème anniversaire de l'appel du 18 juin du général de Gaulle à combattre l'Allemagne nazie. En 1940 plus d'une centaine de Sénans s'étaient rendus par bateaux, y compris de pêche, en Grande-Bretagne après avoir entendu cet appel et y formèrent les premières unités des Forces navales libres. Que la présidente d'un parti qui a longtemps combattu de Gaulle ose rendre hommage ici même au général et qu'elle affirme que le RN est la "continuité" des idées de de Gaulle provoque l'indignation du maire et de nombreux habitants de Sein, contraints d'abréger les célébrations prévues.
Célébrations abrégées
Les célébrations devaient être marquantes, mais la venue annoncée de Marine Le Pen sur l'île de Sein a contraint les autorités à les abréger singulièrement, au grand dam des 250 habitants. "On nous vole notre cérémonie," déplore le maire sans étiquette Didier Fouquet. "Elle essaie de récupérer des symboles. La plupart des gens sont assez choqués, elle nous gâche la fête. Nos anciens doivent se retourner dans leurs tombes", regrette-t-il. "Nous ne pouvons pas interdire à Marine Le Pen de venir. Mais si elle peut trouver une certaine hostilité sur l'île de Sein, c'est peut-être pas plus mal".
"Elle n'a pas sa place ici"
Des habitants dénoncent eux-aussi une récupération politique et préparent des actions de protestation sur l'île. Certains insulaires souhaitent empêcher la présidente du Rassemblement national d'accoster sur Sein, d'autres envisagent une journée "île morte". Les Finistériens les plus remontés sont les anciens résistants : "Ils ont été anti-gaullistes tout le temps ! Ils étaient de Pétain, ils (le FN) nous ont fait souffrir ici. Ça me dégoûte de la voir là, j'ai les larmes aux yeux", s'indigne ainsi Alain Bodivit, 95 ans. "Elle n'a pas sa place ici : l'île de Sein, c'est sacré pour nous les gaullistes, surtout pour nous les Résistants ! Ça me fait mal".
Une dizaine de mouvements politiques et associatifs appellent à un rassemblement d'ampleur.