Emmanuel Macron, en plein tour du pays pour tenter de renouer avec les Français, a fait mardi étape dans le Loir-et-Cher où il a assuré le service après-vente de son plan pour la santé, à l'écart de manifestants anti-réforme des retraites venus l'accueillir au son des casseroles. Pas de bain de foule cette fois : à Vendôme, le chef de l'Etat semble avoir renoncé à aller au devant des personnes réunies près de la maison de santé qu'il venait de visiter, alors que fusaient des insultes et des huées à son égard. Il est reparti en cortège dans son véhicule, et a dû se contenter de saluer quelques badauds au bord d'un champ au moment de remonter dans son hélicoptère.
Pas de nouvelles annonces
Pas d'annonce non plus : le président a essentiellement défendu les mesures présentées en début d'année pour enrayer une "crise sans fin" du système de santé. Un système qui arrive "au bout d'un modèle", a-t-il expliqué lors d'un échange avec des élus et soignants à la maison de santé pluridisciplinaire universitaire de Vendôme, qu'il a érigée en "idéal-type" de ce qu'il veut faire notamment pour lutter contre les déserts médicaux.
"L'objectif, c'est de continuer ce qui a été lancé", a-t-il déclaré, tout en soulignant que la formation de davantage de médecins prendrait des années à produire ses effets. Priorité reste donc donnée aux "délégations d'actes" pour permettre aux infirmiers, sages-femmes, pharmaciens, orthoptistes et autres kinés de réaliser "des actes qui sont aujourd'hui faits par un médecin". Cela doit permettre aux praticiens de "prendre plus de patients", à commencer par les "600.000 à 700.000" malades chroniques "qui n'ont pas de médecin traitant" et auxquels il a promis une solution d'ici la fin de l'année.
L'arrêté de la préfecture suspendu
Pas question en revanche de toucher à la liberté d'installation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux. "Je ne crois pas à l'option coercitive", "on a besoin de garder le système incitatif", a-t-il insisté. Pour cela, Emmanuel Macron a souhaité la systématisation "à partir de cet été" de "conseils de la refondation territoriaux" à l'échelle des 1.200 bassins de vie du pays, sur le modèle de son Conseil national de la refondation lancé l'an dernier. Une façon selon lui de "trouver les bonnes solutions ad hoc" au plus près du terrain et de définir "une feuille de route sur plusieurs années" associant "des professionnels avec des collectivités et que l'Etat abonde" financièrement.
Il faut qu'on ait "les bonnes incitations au niveau national et après qu'on laisse plus de liberté au niveau du territoire", a-t-il plaidé auprès des journalistes. Reparti sur le terrain la semaine dernière après la promulgation de sa réforme toujours contestée des retraites, le président s'est donné "cent jours" pour relancer son second quinquennat. Sa Première ministre Elisabeth Borne doit présenter mercredi la feuille de route du gouvernement pour continuer à avancer malgré l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale.
Le président reçu par un concert de casseroles
Déjà chahuté en Alsace et dans l'Hérault, Emmanuel Macron a été reçu à Vendôme par un concert de casseroles de la part de manifestants, dont il a pu entendre le bruit malgré la distance. Le quartier avait été bouclé par un important dispositif de sécurité, mais plusieurs centaines de contestataires de la retraite à 64 ans, équipés de casseroles et autres boîtes de conserve ou trompettes, ont envahi une voie ferrée ou ont rejoint un barrage de police pour se rapprocher de la maison de santé.
"C'est pour réveiller notre président, pour qu'il arrête de se foutre de nous", a témoigné Bruno Vivien, retraité de la métallurgie venu avec son petit clairon, auprès de l'AFP. La préfecture du Loir-et-Cher avait publié un arrêté instaurant un périmètre de protection et prévoyant notamment l'interdiction des cortèges et rassemblements revendicatifs aux abords de la maison de santé, ainsi que "l'interdiction des dispositifs sonores amplificateurs de son".
Saisi par plusieurs associations, parmi lesquelles la Ligue des droits de l'Homme (LDH), le tribunal administratif d'Orléans a suspendu dans l'après-midi l'arrêté préfectoral. "Il faut regarder le cœur du sujet et de la vie de nos compatriotes et pas le décor", a balayé Emmanuel Macron.