Depuis sa démission du gouvernement, en septembre dernier, c'est l'arlésienne de la vie politique. La déclaration de candidature à la présidentielle d'Emmanuel Macron, attendue par certains, redoutée par d'autres et qui en agace beaucoup, reste pour l'instant encore une hypothèse. "La question essentielle devra être tranchée d'ici à la fin de l'année, probablement décembre ou janvier", avait déclaré le principal intéressé à la télévision anglaise il y a trois semaines.
Calendrier accéléré. Mais le calendrier pourrait finalement s'accélérer. Dans son entourage, beaucoup le poussent à ne pas attendre si longtemps pour se lancer dans le grand bain. "Il faut qu'il se déclare avant le 20 novembre pour perturber les équilibres avant le premier tour de la primaire de la droite", confie ainsi l'un de ses fidèles lieutenants, le sénateur François Patriat, au JDD ce week-end. "C'est ce qu'il va faire." L'élu en veut pour preuve le discours prononcé par son favori, samedi, à Paris, devant des animateurs locaux d'En Marche!. Une intervention aux accents très présidentiels, pendant laquelle Emmanuel Macron a dit entendre la "colère" dans le pays.
Charge contre le FN. S'en prenant violemment au Front national, l'ancien ministre de l'Économie a déclaré ne pas pouvoir "accepter" de considérer Marine Le Pen comme qualifiée d'office pour le second tour de la présidentielle. "Aucun républicain ne peut s'habituer à la présence d'un candidat d'extrême droite" à cette étape du scrutin, a-t-il lancé. "Nous devons considérer comme un devoir, une exigence, une volonté, nous, d'être là, de nous battre, de proposer et d'avancer." Et de promettre : "je serai aussi pleinement engagé."
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La donne a changé à gauche. Si Emmanuel Macron décidait d'avancer sa candidature, ce n'est pas seulement pour mieux faire barrage au Front national ou perturber la droite. Ces dernières semaines, la donne a également changé à gauche. La (très) mauvaise passe de François Hollande, empêtré dans les polémiques autour de ses confidences aux journalistes, a réveillé bien des ambitions chez les socialistes. Notamment celles de Manuel Valls, qui n'a eu de cesse de se positionner en recours idéal. Au risque de doubler Emmanuel Macron.
"Avec lui, on ne peut être certain de rien". Pas question pour l'ancien ministre de l'Économie de se laisser faire. Au contraire, il accélère et devrait même, selon le JDD, déménager son QG, pourtant installé il y a seulement deux mois, au 60e étage de la tour Montparnasse. Les 300 m² de bureaux sont devenus trop petits pour un mouvement qui, selon ses dires, ne cesse de croître. Reste que personne ne peut certifier qu'Emmanuel Macron suive les conseils de ses proches. En matière de communication comme de calendrier, l'homme est connu pour décider seul. Comme le résume François Patriat, "avec lui, on ne peut être certain de rien".