Chez Les Républicains, ce ne sont pas les occasions de s’écharper qui manquent. Il y a la primaire bien sûr, qui occupe déjà tous les esprits, à huit mois de l’échéance. Mais il y a aussi, plus insidieuse, la bataille pour l’investiture aux prochaines élections législatives, prévues en juin 2017, après l’élection présidentielle. Et comme souvent, Nicolas Sarkozy, président du mouvement, doit affronter la meute de ses adversaires sur ce sujet. L’ancien chef de l’Etat veut investir les candidats à la députation au plus vite, alors que les autres, ceux qui briguent, ouvertement ou non, le titre de candidat à la présidentielle, le pressent d’attendre. Un bureau politique doit trancher la question mardi en fin d’après-midi.
Sarkozy, l’homme pressé. Pour le président des Républicains, il faut investir les candidats avant l’été. "Je voudrais les faire en juin car les comptes de campagne commencent un an avant les élections, c’est-à-dire en juin. Ce n’est pas précipité, c’est simplement vouloir être à l’heure, pas en retard", avait-il déclaré en février au Monde. Laisser le temps aux candidats de battre la campagne, donc. En réalité, l’ancien président de la République a d’autres arrière-pensées.
En choisissant, avec ses équipes, les candidats aux législatives, Nicolas Sarkozy ferait d’une pierre deux coups. D’abord, il s’assurerait du soutien à long terme de nombreuses personnalités qui politique qui lui seraient, si elles sont élues, redevables de leur poste. Ensuite, et surtout, s’il était candidat à la primaire, dans l’hypothèse où ses ennuis judiciaires lui en laissent l’occasion, ces candidats investis par ses soins, seraient autant de relais en circonscription, et donc sur le terrain, auprès des électeurs.
Ses adversaires veulent attendre. Mais pour ses adversaires, pas dupes de la manœuvre, la ficelle est un peu grosse. Les autres candidats à la primaire, François Fillon, Alain Juppé et Bruno Le Maire en tête, ne sont pas prêts à laisser faire. Pour ceux-là, l’argument d’une campagne qui débuterait un an avant le scrutin ne tient pas. La vraie campagne des législatives débute une fois le président élu, pas avant. Les adversaires de Nicolas Sarkozy plaident donc pour une investiture des candidats après la désignation du candidat, à l’issue de la primaire. Histoire, pour le grand vainqueur, qui aura ensuite une bonne chance d’être élu à la présidence de la République, de s’assurer une majorité loyale et fidèle.
La solution : une synthèse à la Hollande. Alors mardi soir, le bureau politique devrait opter pour une solution que n’aurait pas reniée François Hollande, chantre de la synthèse quand il était à la tête du premier secrétaire du Parti socialiste : finalement, les candidats potentiels devraient être divisés en trois catégories. Les sortants d’abord. Ces 198 sont les plus légitimes à concourir à nouveau, et ils devraient donc être investis dès le mois de juin. Certains cas poseront toutefois problème. Par exemple le très sarkozyste Patrick Balkany, mis en examen dans de multiples affaires, et dont beaucoup ne veulent plus entendre parler.
Les candidats "naturels "ensuite. Ceux qui, par leur notoriété ou leur ancrage sur le terrain, s’imposent de manière quasi-évidente. Là encore, ces cas seront tranchés dès juin, après les conclusions d’un groupe de travail composé de personnalités représentants les différentes sensibilités du mouvement.
Les casus belli enfin. Dans nombre de circonscriptions, la guerre fait rage entre les fillonistes, sarkozystes, juppéistes ou encore lemairistes. Pour ceux-là , le parti devrait choisir d’attendre effectivement la désignation du candidat à l’issue de la primaire.
Et l’UDI, dans tout ça ? Les Républicains vont aussi devoir prendre en compte les ambitions de l’UDI. Pour l’heure, le parti du centre refuse de participer à la primaire et menace de présenter un candidat à la présidentielle. Le mouvement présidé par Jean-Christophe Lagarde espère bien, en mettant cette pression sur son partenaire, obtenir un accord portant sur une centaine de circonscriptions gagnables pour les législatives. Un chiffre très au-dessus de ce que Nicolas Sarkozy est prêt à lui laisser. Voilà donc un autre front ouvert pour l’ancien chef de l’Etat.