Rien n'est simple entre François Hollande et Vladimir Poutine. Les relations entre les deux hommes sont pour le moins tendues depuis que, la semaine dernière, le président russe a annoncé qu'il reportait sa venue en France, prévue au départ le 19 octobre. Une décision qui faisait suite à des déclarations de François Hollande dans la presse, le chef de l'État français ayant confié "se poser la question" de l'opportunité d'accueillir son homologue, accusé de participer aux bombardements des civils en Syrie.
Rendez-vous à Berlin. Les deux hommes s'apprêtent à se retrouver pour la première fois depuis l'incident diplomatique mercredi soir, à Berlin, avec Angela Merkel, la chancelière allemande, et Petro Porochenko, le président ukrainien. Au menu : l'application des accords de Minsk, censés sceller la paix en Ukraine, et la situation toujours très délicate en Syrie. Les retrouvailles s'annoncent donc glaciales.
Intenses tractations. Ce sont trois coups de fil qui ont permis au sommet de se tenir en dépit des tensions. Le premier, mercredi dernier, a été passé entre François Hollande, Angela Merkel et Vladimir Poutine, juste après l'annulation de la venue à Paris de ce dernier. François Hollande exige alors que la crise en Syrie soit abordée lors de la rencontre, sans quoi celle-ci se fera sans la France. Angela Merkel accepte, à condition de "conserver la force du format Normandie", c'est-à-dire la formation quadripartite entre France, Allemagne, Russie et Ukraine. Vladimir Poutine, quant à lui, dit ne pas être hostile à l'idée. En revanche, Petro Porochenko freine des quatre fers, refusant de venir si l'Ukraine n'est plus le seul sujet de discussion.
Peu d'espoir de résoudre la crise syrienne. Le téléphone a donc de nouveau chauffé dimanche après-midi, puis mardi soir, jusqu'à ce que le président ukrainien se laisse convaincre. Et Vladimir Poutine a, depuis, confirmé qu'il acceptait une rencontre pour parler spécifiquement de la Syrie. Cependant, cela n'engage pas à grand-chose. Et Paris le sait. "C'est surtout sur l'Ukraine qu'on espère des avancées", vouent les diplomates de l'Élysée. "Sur la Syrie, on fera juste passer notre message." L'idée de sanctionner financièrement Moscou pour sa participation aux bombardements de civils en Syrie s'éloigne. Pour la diplomatie française, c'est avant tout à l'Europe de décider de telles mesures. Vladimir Poutine n'a donc que peu de raisons de se sentir menacé dans l'immédiat.