Le gouvernement se réunira une dernière fois en Conseil des ministres le 3 août, avant des vacances bien méritées. Ou presque... Avant la rentrée (officielle), le 22 août prochain, pas sûr que tous les ministres aient vraiment l'occasion de se reposer tant leurs vacances sont devenues un véritable enjeu de communication politique, voire une embûche que l’exécutif doit franchir chaque année.
Des vacances très limitées. Cet été, avec la menace terroriste, il n’est pas question pour François Hollande de prendre le risque politique d’être en vacances alors qu’un attentat peut survenir à tout moment. Il a donc annoncé une réunion de sécurité chaque semaine à l’Elysée avec Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, Jean-Yves Le Drian, Jean-Jacques Urvoas, et Jean-Marc Ayrault.
Rester disponible à tout moment. Tous ceux-là n’auront donc pas droit à une vraie coupure estivale. Par exemple, Manuel Valls ira en Provence en famille mais fera des allers-retours réguliers à Paris. Bernard Cazeneuve passera un jour ou deux dans sa maison de l’Oise, à Lamorlaye, et essaiera de rejoindre très brièvement sa famille dans le sud. Jean-Yves Le Drian voulait aller faire un tour en Espagne, mais il a dû y renoncer. Quant au garde des Sceaux, il fera un saut dans le Vaucluse mais en profitera pour visiter trois prisons.
Des vacances "normales" pour les autres... Pour les autres, c’est un concours des destinations les moins ostentatoires possibles. Les communicants adorent les formules comme : "en famille, comme chaque année, quelques jours"... Ainsi, Michel Sapin et Jean-Vincent Placé iront à l’Ile d’Yeu, Myriam El Khomri en Gironde. Axelle Lemaire précise même qu’elle fera du camping. Mais la palme de la meilleure élève revient à Ségolène Royal, qui passera son mois d’août en Arctique avec une mission scientifique.
Interrogé par Europe 1, Stéphane Le Foll a rappelé qu'il n'avait pas eu de vacances l'année dernière, "il est fort possible que je n’en ai pas encore", explique-t-il, évoquant éventuellement un séjour dans l’ouest de la France. De son côté, Emmanuel Macron a refusé de nous dire ce qu'il avait prévu pour ses congés. Bref, les ministres sont totalement terrorisés à l’idée qu’on puisse leur reprocher de prendre des vacances.
Une posture plutôt qu'une nécessité. Les ministres en font trop, mais ils appliquent un principe de réalité. La société française est crispée, à fleur de peau et ne tolère plus que ses dirigeants puissent prendre de vraies vacances, a fortiori luxueuses ou lointaines. Plus personne n’imagine s’afficher à Saint-Tropez comme à l’époque de Pompidou ! Pourtant, dans les faits, on peut désormais gérer à peu près toutes les situations à distance avec un téléphone, donc cette présence physique impérative n’a rien à voir avec une quelconque réalité opérationnelle. C’est la réalité politique, ou plutôt la communication qui emporte tout.
Obama à Hawaï. Ce qui pose question, c’est que les vacances des politiques ne semblent pas poser de problème dans les autres pays. Angela Merkel revendique son droit au repos et part chaque année deux à trois semaines. Barack Obama, lui, passe deux semaines à Hawaï ou à Martha’s Vinyard. Chez nous, François Hollande est complètement traumatisé par son été 2012 lorsqu’on l’a vu à la plage alors que les plans sociaux se multipliaient partout en France. Depuis, il fait comme si ni lui, ni ses ministres n’avaient besoin de se reposer.
Un repos mérité. Une attitude qui parait un peu irrationnelle avec un tel agenda ; à la rentrée, le conflit sur la loi Travail reprendra, il faudra faire passer la dernière loi de finance du quinquennat et la menace terroriste sera toujours là… Il ne serait pas inutile d’aborder ces échéances avec l’esprit clair.