Emmanuel Macron a commis sa première grosse bourde, avec cette malheureuse phrase : "Le programme n’est pas au cœur d’une campagne, la politique c’est mystique, c’est une magie". Probablement qu’il est sincère quand il dit ça, mais pour autant ce n’est pas audible. Les Français sont inquiets de leur avenir, ils veulent légitimement connaître le projet qu’on leur propose pour le pays, et puis avec cette posture il offre gratuitement à ses adversaires une occasion rêvée de l’attaquer sur le thème : "On l’a perdu, c’est un gourou, un illuminé, pas un futur président".
La machine s’enraille. Les 20% dont les sondages le créditent, le plaçant désormais devant François Fillon, sont aussi très fragiles. En effet, seulement un tiers des personnes qui disent vouloir voter pour lui affirment en être sûres à 100%. En clair, son électorat est volatile, incertain, ses partisans d’aujourd’hui peuvent se détourner aussi vite qu’ils l’ont adoré. Pour toutes ces raisons, l’équipe de campagne commence à se crisper. Certains élus se plaignent d’un Emmanuel Macron tendu, qui dort 3 heures par nuit et se montrerait de plus en plus souvent colérique.
Un candidat sous pression. Emmanuel Macron est intelligent, et sait qu’il s’est mis en difficulté avec cette histoire de programme. Tenir sans le dévoiler clairement devient impossible, il devra donc se plier à l’exercice. Une fois que ce sera fait, la droite le cognera en disant : "C’est trop mou", et la gauche le piétinera en l’accusant d’être de droite. Qui plus est, tout cela doit se régler très vite. On le sait, dans une présidentielle, le mois de février est décisif, c’est là que l’opinion se forge, voire se fige.
Prendre de l’épaisseur. Emmanuel Macron tient un grand meeting samedi à Toulon. En terre de droite et d’extrême droite, c’est le Macron courageux qui aime aller à l’adversaire. Mais cette fois, il ne pourra pas se contenter d’offrir sa posture christique et son sourire. Les formules creuses vont devoir se faire plus rares, laisser la place à davantage de densité. C’est l’heure de vérité. D’ici la fin du mois, le candidat en marche peut, au choix, stabiliser son socle ou au contraire le voir s’effriter. Et ça ne dépend que de lui.