Ce n’est pas parce qu’il sera le Premier ministre le plus éphémère de la Vème République que Bernard Cazeneuve ne doit pas sacrifier aux exigences de sa fonction. Le nouvel hôte de Matignon, nommé le 6 décembre après la démission de Manuel Valls, a prononcé mardi son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Il a expliqué vouloir poursuivre l'action engagée depuis le quinquennat, et aussi glissé quelques messages politiques à François Fillon. Bernard Cazeneuve a débuté son discours en évoquant la situation à Alep.
Les trois infos à retenir :
- Bernard Cazeneuve s'est exprimé devant les députés à 15 heures
- Le nouveau Premier ministre va soumettre son gouvernement au vote de confiance des députés
- Dans la soirée, les députés doivent se prononcer sur la prolongation de l'état d'urgence
#LES TEMPS FORTS
"Lutter contre le chômage restera la priorité" du gouvernement. Longuement, Bernard Cazeneuve a affirmé que son gouvernement poursuivra les efforts engagés pour l'emploi. Rappelant que "le nombre de demandeurs d'emplois inscrits chez Pôle emploi a baissé de 101.700 depuis le début de l'année, il a estimé que la politique menée depuis 2012 "commence à porter ses fruits". "Lutter contre le chômage restera la priorité" du gouvernement, assure le Premier ministre, qui annonce notamment que le plan "portant sur 500.000 formations supplémentaires sera prolongé d’un semestre".
"Je veux remercier les maires qui ont accueilli les migrants de Calais". Bernard Cazeneuve, ancien ministre de l'Intérieur, s'est félicité du démantèlement de la Jungle de Calais. "Je veux remercier l’ensemble des organisations gouvernementales, des maires de toutes sensibilités qui ont aidé à l’accueil des migrants et qui ne se sont pas laissés séduire par ceux qui proposaient aux Français de manifester devant les préfectures", a-t-il lancé. "Il y a eu des maires de toute sensibilité. Et ceux qui vocifèrent ici auraient été bien inspirés de les écouter et de suivre leur chemin."
Des critiques sur la programme de Fillon. Alors que François Fillon est sous le feu des critiques pour son programme de santé, Bernard Cazeneuve a évoqué à dessein le bilan des gouvernements précédents en matière de santé. "Dès le début de l’année 2017, mon gouvernement prendra de nouvelles mesures pour assurer aux patients l’accès aux soins dans tous les territoires", a-t-il assuré. Puis, l'adresse du candidat de la droite, député de Paris : "Quand certains dans cet hémicycle se situent dans une perspective de déremboursement des dépenses de santé, mon gouvernement agira pour renforcer le doit de nos concitoyens à se faire soigner."
Autre message adressé à François Fillon sur les 500.000 postes de fonctionnaires que le candidat de la droite ambitionne de supprimer. "Proposer de supprimer des centaines de milliers de postes de fonctionnaires, c’est remettre en cause la capacité de l’Etat de remplir ses missions prioritaires. C’est condamner le service public", a affirmé le Premier ministre. "On peut réformer sans abîmer et on peut moderniser sans détruire."
"Au nom du gouvernement de la France, je dénonce l’horreur des massacres d'Alep". Bernard Cazeneuve a débuté son discours en évoquant la bataille d'Alep, dont la partie Est est assiégée par les forces fidèles à Bachar el-Assad pour renverser les rebelles. Evoquant d'"innombrables atrocités" pouvant constituer "des crimes contre l'humanité", il a déclaré : "Au nom du gouvernement de la France, je dénonce l’horreur de ces massacres j’affirme que ceux qui les ont perpétrés auront à en répondre devant la communauté internationale", a lancé, très solennel, le Premier ministre, sous l'applaudissement des députés.
Premier défi : faire prolonger l'état d'urgence
Mardi dans la soirée, Bernard Cazeneuve affrontera son premier débat d'ampleur en tant que Premier ministre, quand les députés se pencheront sur la prolongation de l'état d'urgence, qui doit automatiquement prendre fin dans une semaine, soit 15 jours après la démission de Manuel Valls. Ce devrait être, plus encore que le vote de confiance, une formalité, puisque l'état d'urgence fait l'objet d'un large consensus, à droite comme à gauche de l'hémicycle.