L'offensive médiatique de François Hollande pour défendre son quinquennat

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Antonin André et M.B.
Le président donne cette semaine une longue interview à L'Obs pour défendre son bilan. Un plan de communication qui pourrait bien être court-circuité par de nouvelles révélations sur son quinquennat.

Passé maître dans l'art de la contorsion, dit aussi "art de la synthèse", François Hollande fait montre une nouvelle fois de ses talents cette semaine. Dans une interview au magazine L'Obs, le président défend pied à pied son bilan auprès de son électorat de gauche. Et se livre, sur la déchéance de nationalité, à un exercice de souplesse qui force l'admiration.

Aucun inventaire critique. Le chef de l'État confie être, à titre personnel, contre cette mesure qui apparaît aujourd'hui comme la transgression ultime de son mandat. Il reconnaît de surcroît que c'est inacceptable pour la gauche et inefficace pour lutter contre les terroristes. Mais ceux qui s'attendent donc à un mea culpa seront déçus. François Hollande regrette, non pas d'avoir proposé l'extension de la déchéance de nationalité, mais d'avoir dû y renoncer faute de majorité. Il regrette que la gauche ne l'ait pas acceptée, qu'elle n'ait pas renié ses convictions sur le sujet. Un exercice de haute voltige. Cette défense du bilan quoi qu'il en coûte, sans le moindre reniement ni inventaire critique, François Hollande la décline sur la loi Travail comme sur le pacte de responsabilité. 

Un message officiel brouillé. Cet entretien fleuve a tout de la communication pré-candidature à la primaire de la gauche. Mais l'offensive bien huilée risque cependant d'être torpillée par de nouvelles révélations sur le quinquennat. Dans un livre à paraître jeudi, Un président ne devrait pas dire ça, les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme rapportent de nouvelles confidences du chef de l'État. François Hollande se lâche sur les juges et ses adversaires politiques, comme Nicolas Sarkozy, dont il fustige le "cynisme", "la grossièreté" et "cette espèce d'appât de l'argent". Des propos qui brouillent l'image et le message officiel. 

C'est là toute la contradiction de la présidence Hollande. Ce télescopage est symptomatique d'une ambiguité permanente qui colle à la peau du chef de l'État et déroute les Français. Quand cela n'alimente pas la défiance à son égard.